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[BLOG-FESTINABOY#7] Il est urgent d'attendre

09-09-2020, 15:59 - Antoine Vayer

Cinquante coureurs à 386 watts étalon sont passés ensemble dans le peloton au sommet de la Lusette, notre premier col-radar long de 9,84 km à 8%, à une vitesse moyenne de 19,49 km/h, en 30 minutes et 18 secondes. C'est plus de deux minutes de retard que notre temps prédit. Il est urgent d'attendre les Pyrénées pour lâcher les chevaux. Sauf pour le Kazakh Lutsenko qui s'est échappé depuis le 2ème kilomètre de l'étape. Malgré cela, il a roulé plus vite, à 20,29 km/h pour 398 watts étalon dans la Lusette. Il s'est imposé 17 ans après son père spirituel Alexandre Vinokourov sur Le Tour, avec plus de deux minutes aussi, mais d'avance, sur le peloton des favoris. Vinokourov, au lourd passé de casseroles, l'a surnommé mon « bébé Vino ». C'est mignon. Il n'a pas dit mon bébé éprouvette remarquez. Il est urgent d'attendre. Vino4ever, comme il aime à se nommer, a attendu en 2006 que Manolo Saiz, le père sprirituel de Laurent Jalabert soit arrêté par la police en flagrant délit pour prendre les rênes de son équipe Liberty Seguros, qu'il a appelé ASTANA du nom de sa capitale du Kazakhstan et de ses immenses réserves en pétrole, gaz, uranium et donc en argent. A cause de l'opération dite « puerto » de dopage sanguin, cinq coureurs de l'équipe étant impliqués, ils ne peuvent prendre le départ. Il attend 2007 pour refaire le Tour. Au départ, il revendique son association avec le docteur Ferrari, exclu à vie en 2012 de toute préparation et encadrement d'athlètes. On le dit pourtant actif, lui et son fils installé à Monaco où résident une foultitude de coureurs cyclistes. En 2007, Vinokourov se fait poser 15 points de suture après la 5ème étape suite à une chute. Cela ne l'empêche pas de remporter coup sur coup celles d'Albi et la plus belle dans les Pyrénées. Le journal L'équipe n'attend pas pour titrer « le courage de Vino ». Perdu. Il n'attend pas pour être à nouveau exclu du Tour de France le jour suivant à cause d'une transfusion homologue avec un autre sang que le sien, détecté dans ses analyses. Suspendu, il est urgent d'attendre son grand retour en 2010.



Combien ça coûte une victoire ?

Il gagne la grande classique Liège-Bastogne-Liège échappé à deux devant Kolobnev. Il lui verse 100 000 euros sur son compte monégasque. C'est une somme. Chez Festina, le coût des victoires détapes monnayées à Riis et à Ullrich par exemple n'étaient que de 100 000 francs, payables en liquide. C'est illégal. Une instruction est ouverte. Vino attend patiemment le procès en Belgique, fin 2019, où le ministère requiert 150 000 euros d'amendes aux deux protagonistes et six mois de prison. Ils sont acquittés... Le temps efface les dettes. Il a bien fait d'attendre et de laisser traîner. En 2012, à 39 ans, a-t-il payé Rigoberto Uran aux Jeux Olympiques pour qu'il le laisse gagner à Londres ? Le scénario ubuesque et si drôle de sa victoire au « sprint » encore à deux, comme avec Kolobnev, reste dans toutes les mémoires, tant il est caricatural. On attendra les mémoires de Rigoberto le Colombien si ridicule sur cette ligne où il tourne la tête ostensiblement à gauche pendant que Vino sprinte et le « surprendrait » à droite, à 300 mètres de l'arrivée. Ensuite, il manage son équipe Astana avec son « bébé Vino », Lutsenko, le champion du Kazakhstan, vainqueur hier en solitaire après avoir explosé ses adversaires. Il gagne sans attendre le championnat du monde des espoirs à Valkenburg fin 2012 devant un Français, Bryan Coquard. Depuis, il enfile ainsi, par à-coups, sur de courtes périodes, jusqu'à 10 victoires par saison comme l'an dernier, comme le fit son mentor. Il a été urgent d'attendre. C'est ce que s'est dit Bjarne Riis qui signe un retour fracassant en 2020 comme manager également d'une équipe World Tour présente sur ce Tour, NTT pro Cycling. Il a trainé lui aussi son lot incroyable de casseroles et d'aveux de dopage. Sa victoire en 1996 au Tour a été rayée du palmarès, mais il sera le roi du Danemark en 2022 pour le grand départ à Copenhague, réhabilité. On attend le come back de Manolo Saiz et pourquoi pas celui de Lance Armstrong avec leurs protégés. Celui de Bjarne Riis, Giacomo Nizzolo, tout récent champion d'Italie et d'Europe ne va pas attendre lui, pour gagner aujourd'hui à Lavaur, sans acheter son sprint on espère. C'est dans ses cordes à l'issue d'une longue étape traditionnelle dite « de transition », où vous allez attendre son sprint, en siestant longuement. On vous le souhaite. Il est urgent d'attendre on vous dit. C'est l'éloge de la lenteur ce Tour 2020.



Antoine Vayer