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Fuglsang peut-il gagner le Tour de France ? par Frédéric Portoleau [Dauphiné 2019]

01-07-2019, 14:42 - Frédéric Portoleau

Jakob Fuglsang vient de remporter le Dauphiné pour la deuxième fois, après 2017. Pour les courses par étapes d'une semaine, le Dauphiné est souvent la course la plus montagneuse du calendrier avec le Tour de Suisse, mais cette année le parcours comportait de nombreuses étapes vallonnées et peu de haute montagne. Le mauvais temps (pluie et froid) a tout de même rendu la course difficile.



Lors de la deuxième étape, Thibaut Pinot lance les hostilités dans la côte de St Victor à 18 km de l'arrivée. Il développe l'équivalent de 454 watts étalon pendant 9min45s (6,55 w/kg si 65 kg). Fuglsang, Lutsenko, Woods, Quintana, Poels et Froome accompagnent le mouvement. Dan Martin et Romain Bardet sont distancés de quelques secondes dans la montée et ne parviennent pas à boucher le trou dans le faux plat suivant. A l'arrivée, l'écart sera de 31s avec le groupe Pinot. Chris Froome, de retour en très bonne forme, est victime d'une grave chute lors de l'échauffement du contre-la-montre. Sa saison est terminée. A la suite de ce contre-la-montre, Adam Yates prend la tête du classement général mais les écarts restent minces avec les autres favoris. La décision se fait dans l'ascension vers Pipay (étape 7, 19 km à 6,9%). Nairo Quintana tente sa chance à mi-pente. Il est repris puis distancé en fin de montée quand Fuglsang attaque. Le Danois parvient à distancer Adam Yates de 10s pour prendre la tête du classement général. Wout Poels, auteur d'un dernier kilomètre très rapide, remporte l'étape. Thibaut Pinot et Romain Bardet terminent respectivement à 10 et 13s de Poels. Wout Poels a gravi l'ascension de Pipay en 50min52s depuis Tencin. Sa puissance moyenne étalon est de 394 watts (5,7 w/kg si 66 kg). Le mauvais temps explique certainement ce niveau de puissance relativement bas pour des coureurs de haut niveau.

Jakob Fuglsang a connu des hauts et des bas dans sa carrière. Après de bons résultats obtenus jeune sur les courses par étapes d'une semaine (Dauphiné et Tour de Suisse) et un rôle d'équipier sur les grands Tour auprès des frères Schleck, il obtient enfin une place dans les 10 premiers d'un Tour de 3 semaines à 28 ans lors du Tour de France 2013 (7ème avec une puissance moyenne étalon de 393 watts). Mais de 2014 à 2017, il se consacre de nouveau à un rôle d'équipier auprès de ses leaders chez Astana : Nibali puis Aru. Cela signifie beaucoup d'énergie dépensée en cours d'étape et peu de performances de haut niveau sur les derniers cols. En 2018, il est enfin leader chez Astana sur le Tour de France et en bonne forme (2ème du Tour de Suisse et 4ème en Romandie) mais il perd toutes ses chances après une défaillance sur la montée de la Rosière. Il termine quand même 12ème au classement général final.

En ce qui concerne ses puissances développées en montagne, les années 2017-2019 (de 32 à 34 ans) constituent sa meilleure période. On peut retenir 3 performances :
- Montée d'Arrate au Tour du Pays Basque 2019 : 466 watts étalon, 6,65 w/kg si 68 kg, 12min48s
- Escalade du Mont du Chat au Dauphiné 2017 : 435 watts étalon et 6,2 w/kg si 68 kg, 29min21s
- Col de la Couillole sur Paris-Nice 2017 : 416 watts étalon, 5,95w/kg si 68 kg, 42min57s
Avant 2017, sa meilleure performance fut l'ascension de Valmorel au Dauphiné 2013 (416watts étalon 5,95 w/kg si 68 kg) et celle de la Croix de Chaubouret sur Paris-Nice 2015 (427 watts étalon, 6,1 w/kg si 68 kg).



Fuglsang a 34 ans et n'a jamais semblé aussi fort. Il est capable de suivre les meilleurs grimpeurs mais aussi de partir seul sur le plat après une ascension de col. Son statut de leader n'est plus contestable dans son equipe, très solide par ailleurs sur tous les terrains. Il peut gagner le tour à condition bien sûr de ne pas avoir de défaillance comme l'an passé.

Frédéric Portoleau