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[BLOG-FESTINABOY#2] Radars et prédictions

2020-09-08, 20:04 - Antoine Vayer

On ne va pas se mentir. Comme tous les étés, il n'y aura aucun contrôle antidopage positif pendant le Tour de France, encore moins cette année. Les dernières exclusions de l'épreuve pour tricherie avérée remontent à 2012 avec Fränk Schleck pour usage de xipamide et à 2015 avec Luca Paolini pour usage de cocaïne. De la broutille. Depuis, rien, alors que certains ont triché à l'aide de moult moyens. Le dopage, la fraude technologique, on en parle bien avant le Tour ou bien après, l'hiver. C'est un débat d'hors saison. Les laboratoires ont été fermés pendant le confinement. Certains ont rouvert, pas tous. La préoccupation générale est à d'autres tests qui ne concernent pas le sang, ni les urines, mais le Covid19.



Xavier Bigard, le médecin « expert » de l'Union Cycliste Internationale n'est soucieux que du protocole sanitaire contre ce virus, comme tant de gens présents sur le Tour. Dès lors, à qui se fier ? A qui se fier, en effet, pour détecter les tricheurs et leurs complices, ceux qui vont empêcher de manière déloyale les athlètes talentueux qui jouent franc jeu de réussir ? Ils sont désormais nombreux à vouloir faire du cyclisme « proprement ». Ils sont désireux de ne pas céder à trop de tentations pour réussir, par choix. Ils sont éduqués. Ils résistent. Certains sont français. Las, ils risquent encore en 2020 de subir le dopage passif, à fond dans les roues de trains qu'on croyait oubliés depuis ceux de Banesto, d'US Postal, de Sky. Ils ne seront donc pas classés selon leur mérite. Ils s'épuiseront.

A qui se fier ?

Aux agences antidopage officielles ? Elles sont en stand-by et de toute façon elles n'existent, disent certains, que pour donner l'illusion que leurs fonds de commerce et de communication fonctionnent. C'est vrai que certaines couvrent les tricheurs, sous l'influence de politiques. A la police ? Ils sont occupés à la circulation et au respect des gestes barrières. Aux journalistes ? Plus aucun service d'investigation digne de ce nom n'existe nulle part. Beaucoup sont occupés à inventer ce qu'ils racontent et à cacher ce qu'ils pourraient savoir. Pas de polémique, du « feel good ». De toute façon, ils n'auront plus d'accès direct à la bulle course pour d'éventuelles informations. La gazette suffit avec les communiqués officiels. Au public qui n'est pas fan ? Bien que sa lucidité critique soit largement supérieure à celle d'antan, la naïveté est aussi un fond de commerce. Le public écoute la télévision selon un canal de désinformation de consultants anciens coureurs qui connaissent la musique. Aux coureurs et à leur encadrement ? Se taire fait partie de leur métier. Il est encore basé sur l'apprentissage du mensonge, de l'hypocrisie et de la crainte de perdre son emploi.



Dès lors, il ne reste que nos preuves indirectes : les WATTS. Ils mesurent les performances des coureurs grâce à nos « RADARS » que nous installons virtuellement depuis 20 ans pendant toutes ces années avec Frédéric Portoleau, sur toutes les épreuves internationales. Avec les km/h, nous mesurons la puissance en watts. Nous flashons alors, ou pas. Nous savons calculer avec une précision désormais incontestable, indirectement, à l'aide des temps de montées, ces puissances musculaires, les anciens chevaux-vapeurs (735,5 watts), que les coureurs développent dans les endroits cruciaux. Les watts déterminent systématiquement les puissants, les vainqueurs des Grands Tours. Le jockey sur son vélo qui développe le plus de chevaux vapeurs ou de watts en moyenne, flashé par nos radars, il gagne. Celui qui termine deuxième sur le podium est aussi le deuxième pousseur de watts dans les cols. Ainsi de suite. Notre méthode a été un temps vouée aux gémonies, par des ignorants.

Monsieur watts

On s'est moqué de notre méthode en 2000. J'ai été qualifié de manière péjorative de « monsieur watts », quand peu de coureurs comprenaient cette notion, n'utilisant que la fréquence cardiaque pour gérer leurs efforts. En 2020, les choses ont évoluées. Tous les entraîneurs d'équipes ne jurent désormais plus que par les watts. Mieux, beaucoup nous fournissent leurs fichiers mesurés directement avec les capteurs-compteurs des vélos. Ils confirment nos calculs indirects. Ainsi, nous avons constitué une incroyable base de données exhaustive des performances des coureurs du passé, du présent et du futur pour les talents (trop) précoces. Nous connaissons les records, en temps et en watts, de toutes les ascensions déjà empruntées. Nous savons que le dopage peut augmenter les performances jusqu'à 10%. Nous avons une foultitude de témoignages à l'appui. Pour trier le bon grain de l'ivraie entre une progression logique et une autre trop impressionnante et subite pour être honnête, nous nous appuyons également sur la connaissance que nous avons, parfois intime mais sans connivence, renseignée, des coureurs et de leur entourage, sur le terrain. Certaines instances faisant partie de « l'intelligence », et avec lesquelles nous partageons certaines de nos données, nous rejoignent. C'est ainsi que nous avons fixé des limites dans les performances. Nous avons commencé à les classifier dans un ouvrage en 2013 (téléchargement gratuit).



Vert, jaune, orange, rouge

Certaines restent humaines, en zone verte, même si quelques coureurs les obtiennent aussi en trichant... D'autres sont classées suspectes, en zone jaune. Elles sont miraculeuses en zone orange. Nous voyons rouge avec la catégorie des « mutants ». Ceux qui ont pu pédaler régulièrement dans les cols longs au-delà de 450 Watts Etalon, comme Indurain, Pantani, Ullrich, Armstrong, Riis, Contador, Basso et Jalabert. Elle a presque disparu. Toutefois, les performances de coureurs dans les épreuves préparatoires au Tour de France 2020 nous font craindre une résurgence de ce genre d'exploits. Tout au moins des performers suspects au-delà de 410 Watts Etalon (moyenne calculée sur l'ensemble des radars LONGS, qui durent plus de 20 minutes), pourraient rejoindre la catégorie des miraculeux, au-delà de 430 Watts Etalon. Nous avons cette année posé pas moins de six radars longs et quatre radars courts, inférieurs à 20 minutes en temps d'ascension, les coureurs développent alors plus de watts. Ils vont tous nous permettre d'estimer finement et de connaître, plus que n'importe quelle pseudo analyse sanguine, urinaire ou technologique, où se situent les fraudeurs, et à quel niveau de triche. Dans le tableau ci-après, nous vous présentons nos radars 2020.



Prédictions

Nous prédisons aussi les temps des vainqueurs, comme Nostradamus ! C'est parfois stupéfiant. Nous sommes rarement démentis dans ces prédictions, ou bien de quelques secondes seulement. Vous pourrez vous amuser à calculer vous-même avec votre chronomètre en regardant la télévision. Les Watts Etalon, l'unité que nous avons créé qui correspond à la performance d'un un coureur qui pèserait 70 kg pour mieux comparer les performances entre les légers et les lourds, risquent de dépasser les limites humaines en fin de Tour pour plusieurs leaders. Ce ne sera pas seulement pour un ou quelques rares coureurs comme nous l'avons observé depuis la fin de l'ère Armstrong dans les différentes éditions depuis 2011. Cela allait mieux. Nous craignons un retour en arrière.



Antoine Vayer