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[BLOG-FESTINABOY#14] Les Français sont-ils moins dopés que les autres ? Comparaison est raison.

12-09-2020, 21:48 - Antoine Vayer

J'ai vécu 1998 et l'affaire Festina qui a secoué le monde du vélo et du sport en général. J'étais plutôt bien placé puisqu'entraîneur de l'équipe depuis 1995, l'unique entraîneur qui existait dans tout ce milieu professionnel et embauché en tant que tel, diplômé.

« Antoine, le sang, ce n'est pas ton problème, toi tu travailles avec les coureurs sur le plan physiologique hors-sang, psychologique, technique et connaissance de l'activité. »

J'étais considéré comme le « numéro 2 »... Je travaillais jour et nuit, mais on me disait : « ce n'est pas le meilleur entraîneur dont nous avons besoin, mais le meilleur médecin ». Je n'étais pas d'accord. J'ai pris des avions en Italie pour voir le médecin de Casino, ancêtre d'AG2R, le Dr Tarsi, pour m'en convaincre. Je n'ai pas vu que lui.



J'ai vécu l'avant et l'après Festina. J'ai décidé de cesser ma collaboration avec cette structure pour devenir indépendant et libre, alors qu'elle me proposait beaucoup, beaucoup d'argent à Madrid pour rester. Bassons pareil. C'est nous qui avons décidé de partir.

Les coureurs français et leurs managers ont été placés en première ligne. Ils ont été traumatisés par le procès. Ils ont eu une peur bleue. Ils n'ont pas pu continuer de tricher comme avant, comme pratiquement tous le faisaient. Pléthore de jeunes entraîneurs se sont mis alors à grandir avec les structures. Plein de petits Vayer, mais beaucoup plus réservés au niveau personnalité, peu expérimentés et puis conformistes on va dire, comme tant de monde, mais motivés et sains, à part quelques-uns... Ils ont entraîné dans les rangs amateurs puis professionnels. Même chez les amateurs Elite il faut maintenant des entraîneurs diplômés pour exister. Les Martin, Bardet, Barguil, Madouas, Gaudu et consorts sont issus de ces filières. Les mentalités de ces coureurs, leur culture ont changé. Ils ne sont plus encadrés uniquement par l'empirisme qui parle mal français. Ce qui a changé profondément, c'est que si vous proposez à un coureur de talent français qui est aux portes de gagner une étape sur le Tour de France, parce qu'il a travaillé de manière acharnée en accroissant ses possibilités humaines, voire qui est capable de jouer le classement général, le traitement qui va lui faire gagner 10% en watts, il est capable de vous dire :

« Non ! »

Pas tous (je vous rassure), mais pas mal. C'est nouveau ça.

C'est la raison pour laquelle, l'an passé, renseignements, enquêtes et vérifications faites auprès de son entourage, j'ai presque donné un blanc-seing à Thibaut Pinot dans certains de mes articles pour le journal Le Monde pour lequel je travaillais, une 11ème année, en tant que chroniqueur.

Je ne tarissais pas d'éloge, car il le méritait bien.
C'est la raison pour laquelle encore cette année, j'ai fait ma chronique #6 « Payé selon ses besoins ou bien au mérite ? GUILLAUME MARTIN maillot jaune ? ».

Guillaume a progressé de 5% cette année (si toujours 55kg), Frédéric Portoleau, un des musiciens de mon E-Street Band, me l'a confirmé, chiffres et tableaux à l'appui. Il est impeccable Fred, même si certains de mes tweets lui font peur et lui hérissent le poil. Voici son résumé :

« A 27 ans, Guillaume Martin réalise le meilleur Tour de France de sa carrière. Le graphe ci-dessous montre ses principales performances relevées dans les ascensions de cols avec une comparaison entre 2020 et la période 2016-2019. Le rapport « poids-puissance » en w/kg est évalué pour toutes ses ascensions.
Ses meilleures performances datent de cette année, en particulier sur le Mont Ventoux (Challenge du Ventoux), sur le Col de Porte (Dauphiné) et sur le Col de Peyresourde (Tour de France).
Pour la période 2016-2019, les montées du Col du Chat (Dauphiné 2017) et de Valmorel (Dauphiné 2018) constituent ses meilleurs scores pour des efforts de 30 minutes.



Cliquez sur l'image pour agrandir


Guillaume Martin est donc bien en progression de 5% cette année pour un effort de 30 minutes, passé de 6,2 w/kg à 6,5 w/kg.

L'enfer, c'est les autres

Cette progression peut paraître louche. Elle l'est pour certains. Pour lui, j'ai vérifié, elle ne l'est pas. Mais pas parce qu'il est français. Le fait qu'il ait presque pu suivre, comme Romain Bardet, les furieux Slovènes dans Peyresourde nous a inquiétés et mis un petit doute. La journée d'hier, on vous l'avoue, nous a rassuré. Sur la longueur d'un grand Tour, on ne peut tenir ce rythme si on est sain. Mes seuils Humain, Suspect, Miraculeux ou Mutant, c'est la moyenne des radars longs à la fin du Tour qui les détermine.


Extrait du magazine La Preuve par 21, disponible en accès libre ici


Les coureurs français, pétris de talent, au top au niveau entraînement, leur place est en deçà de la ligne jaune, après la 10ème place cette année ou aux alentours. Pour moultes raisons que nous allons tenter, encore et encore de vous expliquer dans d'autres chroniques, au vu des étapes qui nous attendent, car elles sont sérieuses. Le Tour sérieux commence. Beaucoup sont épuisés. Demain, si Guillaume Martin, Madouas, Gaudu ou Barguil montent le Grand Colombier*, 17,7 km à 7.07%, de l'altitude 244m à 1498m, avec Pogaçar, Roglic et les Colombiens en moins de 46 minutes 30 secondes et à plus de 23 km/h de moyenne, à 420 watts étalon, alors, nous réviserons notre jugement. Mais cela n'arrivera pas. Heureusement.

* Le record appartient à Thibaut Pinot en 48 minutes. Au Tour de l'Ain 2011 avec David Montcoutié.

Antoine Vayer