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[BLOG-FESTINABOY#5] Du SANG NEUF ou du SANG FRAIS ?

09-09-2020, 10:06 - Antoine Vayer

Deux Slovènes sont arrivés roue dans roue à Orcières Merlette devant tous les autres. La pente finale a été avalée en 13 minutes et 28 secondes pour les 5,54 kilomètres de notre premier radar test de ce Tour 2020, à 26,68 km/h, pour 442 watts étalon de puissance moyenne. Notre meilleure prédiction était de 13 mn 40 sec (voir chronique #2). C'est douze secondes de mieux. Tout le peloton a été cantonné à un rôle de suiveur derrière les équipiers du vainqueur des Balkans. C'était du « drafting », de l'aspiration dans des pentes à plus de 7%. Certains montent les mains au fond du guidon, comme sur le plat, comme aux plus grandes heures des champions de l'EPO. Sepp Kuss l'américain, pendant 1 minute 48 secondes, a fait un dernier relais monstrueux à 525 watts étalon pour lancer son leader, mains au fond du guidon donc. Dingue. Tadej Pogacar, 21 ans, est arrivé dans l'ombre de Primoz Roglic, dans l'ombre de la Slovénie.



Ombre et lumière

Certains faits et affaires, la récente d'Aderlass de dopage sanguin par exemple, ont pourtant mis en lumière ce pays. Primoz et Tadej ont été les premiers à reprendre le cyclisme de compétition post Covid19 pour leur championnat national fin juin où ils ont terminé, bien évidemment, premier et deuxième. Ce petit pays n'a pas bonne presse. À raison. Il semble être une plaque tournante de ce dopage sanguin, en lien avec la mafia. Presque la moitié des coureurs Slovènes professionnels d'élite de ce no man's land ou eldorado du dopage, selon la manière dont on m'en parle, ont été suspendus. De molles enquêtes sont en cours, les ramifications avec certains princes arabes qui possèdent des équipes en cyclisme sur Le Tour sont établies. Je reçois même des informations alarmantes en message privé. De Bretagne, je ne vais pas aller sur place pour vérifier. Ce n'est pas mon travail. C'est dangereux paraît-il. Ce n'est pas conseillé contrairement aux transfusions sanguines autologues ou autotransfusions dans plein de milieux, artistiques ou sportifs. Elles sont toujours totalement indétectables. C'est le nec plus ultra du dopage. Il faut oser. C'est un choix. Il faut juste avoir certaines complicités, quelques moyens logistiques et humains. Puis il faut trouver un endroit peinard pour s'auto-transfuser de petites poches régulièrement, pour se « refaire la cerise ».


Landis

Dix ans après sa victoire en 2006, Floyd Landis, vainqueur du Tour de France le dimanche 23, puis déclaré positif à un contrôle le jeudi 27, à la testostérone, est devenu mon ami. Je l'ai vu fin juillet 2016 toute la fin du Tour que j'ai passée avec lui à Paris. Un de mes fils a fait un stage d'un mois chez lui, à Leadville. Il a une société qui vend les produits issus de la culture de cannabis. C'est légal là-bas. Floyd a tout assumé. C'est un homme. Il est drôle, qui plus est. Son témoignage a permis notamment de faire tomber Lance Armstrong. Le plus saisissant dans les discussions que nous avons eues et que j'ai enregistrées concernent ce dopage sanguin qu'il associait aux hormones de croissance. Sa facilité, son incroyable efficacité qui lui permettait juste avant le Tour de se tester à 500 watts dans sa bosse test de 7 minutes aux USA. Il se savait prêt grâce au changement de sang. En 2006, il s'est fait donner pendant le Tour, devant les caméras du monde entier, un petit cadeau par un ami qui jouait au fan, juste après certaines arrivées dans la zone-public. Il le mettait alors dans sa poche arrière de maillot en remerciant son fan-donateur. Il contenait sa poche de sang à injecter dans la demi-heure avec le kit idoine pour le faire. Il s'est injecté trois poches pendant ce Tour victorieux où il a fait un exploit incroyable, une chevauchée qui a soulevé et marqué le monde entier du vélo tellement elle était belle. Au point où, quand un coureur actuel en réalise une du même acabit, on dit : « faire une Landis ». Cela veut tout dire.



Si je demande aux anciens grands dopés de me parler, qu'ils soient Néerlandais ou Danois et que je leur pose la question :

« Comment ferais-tu en 2020 avec les nouveaux contrôles Adams, le suivi longitudinal ? »

Tous me répondent :

« Comme avant. Changement de mon sang avec hormones de croissance, plus des corticoïdes aux bons moments. Je me méfierais par contre de la testostérone. C'est risqué. Le sang, les poches, c'est le top ».

Sur ce Tour, seuls les Colombiens peuvent battre les Slovènes. Si Quintana retrouve son niveau de février et ses compatriotes celui qu'ils avaient lors de leur Tour National, en janvier. Des Colombiens, on ne raconte rien que des contes de fées. Leur pays est un désastre au niveau de l'antidopage. Il est beaucoup plus lointain et reculé que la Slovénie. Il n'y aura pas d'affaire Aderlass de trafic sanguin là-bas. Rien que pour le spectacle, ce serait bien qu'un trio de Colombien fasse une Landis en 2020, collective.

Roglic qui vient du saut à ski et le jeune Pogacar sont arrivés sur la scène cycliste il y a peu. Ils font partie des nouveaux prodiges qui gagnent tout dans les courses à étapes montagneuses. J'aimerai bien que Roglic, dans dix ans, devienne mon ami aussi, même s'il n'est pas drôle, lui. Il pourrait me dire si sa victoire programmée avait un goût de sang neuf ou de sang frais.

Antoine Vayer