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Lettre ouverte de M. Daniel DELEGOVE, rédigée fin 2012.

15-10-2014, 08:04 - Daniel Delegove

Daniel DELEGOVE est ancien premier vice-président au Tribunal de grande instance de Valenciennes. Originaire du Nord, il a fait toute sa carrière comme juge dans les tribunaux de la Cour d'appel de Douai et notamment à Lille entre 1996 et 2002. C'est lui qui a jugé en novembre 2000, en tant que président du tribunal, le procès de l'affaire FESTINA du Tour de France 1998. Membre du comité judiciaire franco-irlando-britannique, il s'est engagé depuis dix ans dans la comparaison entre les justices française et britannique et dans des échanges avec le monde judiciaire britannique. Par une lettre ouverte adressée à Antoine Vayer, il compare l'affaire FESTINA 1998 et les enseignements du rapport de l'agence américaine antidopage (USADA), qui ont amené l'affaire ARMSTRONG en 2012.

Cette lettre aborde à la fois la question du dopage et celle de l'évaluation des performances en Watts. Elle est donc logiquement co-publiée avec cyclisme-dopage.com

Pour prolonger cette lecture, vous pouvez retrouver la vidéo de l'audition de M. Daniel DELEGOVE devant la commission d'enquête parlementaire de lutte contre le dopage (29/05/2013) ici : http://videos.senat.fr/video/videos/2013/video18311.html




Antoine VAYER, vous m'avez sollicité pour que je vous expose les réflexions que m'inspire la lecture du rapport de l'USADA à la lumière de la connaissance du dopage qu'avait pu m'apporter l'affaire Festina.
Ma première observation, de caractère général, est qu'il existe une sorte de continuité entre le système de dopage d'équipe au moyen principalement d'hormones peptidiques mis en oeuvre au sein de l'équipe Festina et d'autres formations cyclistes pendant les années 1990 et le programme de dopage très élaboré, préparé par le docteur Ferrari, et qui permit à Lance Armstrong de remporter sept Tours de France entre 1999 et 2005.
Un autre trait d'union peut être tiré, d'une décennie à la suivante, de Festina à Armstrong, par le truchement de l'équipe espagnole Once dont l'un des médecins, Nicolas Terrados-Cepeda, était un prévenu du procès Festina et dont l'encadrement et les coureurs avaient quitté précipitamment leur hôtel au soir d'une étape pour s'enfuir dans la montagne et se réfugier derrière la frontière suisse, ces derniers échappant ainsi aux expertises de sang, d'urine et de cheveux qui furent pratiquées, notamment sur ceux de l'équipe Festina.
Or, parmi les coureurs de l'équipe Once figurait Johan Bruyneel que Lance Armstrong devait choisir pour en faire le directeur sportif de son équipe l'US Postal Service en 1999, Johan Bruyneel que l'USADA décrit, en trois pages serrées de son rapport, comme la cheville ouvrière de l'organisation du dopage dans l'équipe, au courant du plus infime détail de ses modalités. Une des premières décisions que Johan Bruyneel devait prendre fut de recruter le docteur Luis Garcia Del Moral, qui était aussi un des médecins de l'équipe Once, en remplacement de Pedro Celaya jugé par Armstrong « pas assez agressif dans les fournitures de substances interdites », dixit l'USADA.
Ainsi dans l'ère du nouveau dopage initiée vers 1990, plus importants que les transferts des cyclistes d'une équipe à l'autre pour se renforcer sont ceux des médecins. Comme l'équipe Festina avait embauché en 1993 le docteur Eric Ryjckaert, transfuge de l'équipe néerlandaise PDM, l'équipe US Postal Service devait le faire avec le docteur Luis Garcia Del Moral, ancien d'Once, en 1999.
C'est donc cette continuité qui m'a frappé en premier et qui porte principalement sur la nature du dopage.

LA NATURE DU DOPAGE

Le contenu du rapport de l'USADA révèle une continuité dans les programmes de dopage qui ont émergé au début des années 1990 et qui sont basés sur l'utilisation d'hormones peptidiques recréées artificiellement par le génie génétique et qui étaient normalement destinées au traitement de diverses affections. Au premier rang de ces hormones, l'érythropoïétine (EPO), naturellement produite par les reins et également la somatotrophine ou hormone de croissance (ou encore « human growth hormon », HGH), que l'hypophyse, glande endocrinale située à la base du crâne, secrète.
La première, l'EPO, a pour effet de stimuler la production de globules rouges et ainsi de faciliter l'apport d'oxygène aux muscles. Cet effet s'accompagne d'une élévation de l'hématocrite dans le sang, et entraîne un épaississement du sang.
L'hormone de croissance, par son effet anabolisant, permet un accroissement de la masse musculaire et, facilitant la synthèse des lipides, favorise l'utilisation préférentielle des graisses au cours de l'effort, en sorte que l'épuisement des réserves de glycogène des muscles se trouve retardé.
Ce dopage moderne, surtout centré sur l'EPO, est complété par d'autres produits aux vertus anabolisantes destinés à la croissance musculaire. Dans cette catégorie figurent les stéroïdes anabolisants mais surtout la testostérone, substance qui présente l'avantage d'être indécelable et qui, outre sa fonction anabolisante, repousse le seuil de la fatigue et améliore la capacité à s'entraîner.
A ces produits, s'ajoutent encore les corticoïdes, qui sont stimulants, euphorisants, anti-inflammatoires, et atténuent la douleur. Naturellement produits par les glandes corticosurrénales situées au-dessus de chaque rein, elles constituent le principe actif de nombreux médicaments utilisés comme composants du dopage, avant qu'une molécule copiée sur une hormone peptidique secrétée elle aussi par l'hypophyse, la corticotrophine ou ACTH, n'ait été préférée ; cette molécule, dirigée vers les glandes corticosurrénales, provoque la libération par celles-ci de corticoïdes, d'où son nom de précurseur.

- De cette énumération de produits dopants aux fonctions diverses, émerge la notion de programmes de dopage.

Leur socle est la cure d'EPO plusieurs semaines avant une course par étapes, accompagnée la dernière semaine par l'injection d'hormone de croissance avec poursuite des injonctions d'EPO au cours de l'épreuve.
Les anabolisants comme la testostérone, qui a aussi d'autres « vertus », le complètent en vue de la restauration de la masse musculaire tandis que les corticoïdes, pris à certains moments particuliers, permettent l'optimisation de la performance lorsqu'elle est nécessaire.
Les programmes doivent encore comporter le traitement des effets secondaires indésirables des substances dopantes, et l'accompagnement de celles-ci en vue de leur faire produire leur plein effet.
La prise d'EPO génère l'augmentation du nombre de globules rouges, laquelle requiert la prise de fer et d'acide folique, matériaux nécessaires à leur fabrication. Pour éviter les risques liés à l'accroissement de la viscosité du sang induite par celui du nombre de globules rouges, des dilatateurs de vaisseaux sont prescrits, ainsi que des médicaments permettant la déformabilité des globules rouges et la facilitation de leur circulation.
L'existence de tels programmes fait en sorte que le quotidien des coureurs est émaillé de l'injection ou de l'absorption orale de nombreuses substances chimiques. Se doper est complexe : ce n'est pas seulement pratiquer une injection ou avaler une pilule, c'est se conformer à un protocole très minutieux.
Il est dès lors bien compréhensible que tous les coureurs ne manifestent pas spontanément un enthousiasme sans réserve à l'idée d'adhérer à ces protocoles, conscients qu'ils sont des risques qu'ils peuvent présenter pour leur santé, et de la tricherie qu'ils comportent et qui les fait entrer dans une certaine clandestinité.
Pour un Pascal Hervé, « lieutenant » de Richard Virenque dans l'équipe Festina et qui, désireux de gagner le plus d'argent dans le peu de temps qui lui restait à courir, confiait au soigneur Willy Voet qu'avec lui, « il ne fallait pas se poser la question et regarder à une piqûre », nombreux sont ceux qui hésitent à franchir le pas... mais qui finissent presque tous par le faire. La perspective d'une sélection en équipe nationale, la possibilité d'allongement de la carrière et, surtout, les rêves de succès et de gloire : tels sont certains des motifs qui les font surmonter leurs doutes et leurs scrupules. Ainsi, par exemple, le très bon coureur suisse Alex Zülle qui avait commencé à se doper à l'EPO quatre ans auparavant au sein de l'équipe espagnole Once avant d'intégrer l'équipe Festina le 1er janvier 1998, confesse qu'il ne s'était jamais résolu à s'injecter de la somatotrophine - hormone de croissance - jusqu'à ce qu'à la veille du Tour de France de 1998, il ne s'y résolve : « J'avais un tel désir de gagner le Tour », explique-t-il aux policiers avec une sorte de naïveté. Pour l'anecdote, cette substance ne produisit aucun effet sur lui et l'aurait plutôt rendu malade.
Dans l'équipe Festina, pour tenir compte de la sensibilité des coureurs et de leurs réticences, le dopage n'était proposé aux jeunes recrues qu'au bout d'une année, le temps qu'elles s'accoutument à son existence et comprennent d'elles-mêmes qu'il n'existe point de salut sportif hors du dopage.
La nécessité de la clandestinité, celle d'échapper aux contrôles, rendront encore plus pesant le vécu des coureurs au quotidien. Ainsi, à partir de 1996, quand l'Union Cycliste Internationale a décidé que seraient mis en arrêt de travail les coureurs ayant un hématocrite supérieur à 50 - taux en lui-même anormalement élevé - les équipes se sont-elles dotées d'un appareil qui a été désigné sous le nom de « centrifugeuse », pour mesurer chaque jour ce taux. Invité le 23 février 2012 de l'émission d'Alain Finkielkraut sur France Culture, « Répliques », Cyrille Guimard, ancien coureur cycliste, directeur sportif de l'équipe Cofidis jusqu'en 1997, confesse qu'en 1997 : « on est obligé de recourir au dopage, à l'EPO, ou de laisser faire », et qu'en conséquence, son équipe, comme toutes les autres, avait fait l'acquisition d'une « centrifugeuse », admettant ainsi implicitement la généralisation du dopage ; l'autre invité, Paul Fournel, complétait son propos, sans être démenti, en exposant qu'en 1996, par la décision prise par l'UCI « on avait légalisé l'EPO ».
Il reste que le quotidien des coureurs cyclistes qui, par l'effet de toute la pharmacopée décrite, baignait déjà dans une atmosphère d'officine est donc marqué aussi par les prélèvements de sang et par la présence des « centrifugeuses ». Le contournement du dopage à l'EPO par cette limitation ne suffit pas à apporter une sécurité totale dans les équipes et les anecdotes fourmillent quant à l'émoi provoqué par les contrôles. Ainsi, par exemple, le coureur Erwann Menthéour raconte-t-il comment, au petit matin de mars 1997, un soigneur lui a administré une piqûre de cortisone et pratiqué une perfusion d'eau dans un bras pendant qu'un médecin ponctionnait du sang dans l'autre en vue de limiter en urgence son hématocrite avant l'irruption imminente des contrôleurs.
Dans la même veine, rapportée par l'USADA, la façon dont Pedro Celaya, encore médecin de l'équipe US Postal, s'est, en toute hâte, pour obvier à l'arrivée inopinée d'un contrôleur de l'Union Cycliste Internationale lors du championnat du monde de 1998, emparé, dans une voiture, d'une bouteille d'infusion salée puis, après être passé sous le nez du contrôleur, est allé l'injecter à Lance Armstrong dans sa chambre pour, dans ce cas également, faire chuter son hématocrite.
Il n'est pas incompréhensible que quelques coureurs - très peu nombreux - regimbent dans cet environnement oppressant de substances chimiques interdites et de fraudes et tricheries de toutes sortes. Christophe Bassons, embauché par l'équipe Festina le 1er janvier 1996 à l'âge de vingt-deux ans, est de ceux-là. Quand il s'explique en 1998 devant les policiers, il a encore dans l'oreille la voix doucereuse du docteur Eric Ryjckaert, un des deux médecins de l'équipe Festina «Christophe, tu as un potentiel mais tu n'en tireras rien si tu refuses notre aide... Tu ne peux rien espérer si tu n'acceptes pas de faire remonter ton hématocrite - taux qui était passé de 41 à 35 par exemple, entre le début et la fin d'un Tour de Suisse cycliste. Songe que si tu acceptais de prendre de l'EPO, Christophe, tu gagnerais dix fois plus d'argent. »
Sa résistance au dopage est opiniâtre et persévérante au point de le conduire à l'exprimer dans les colonnes du quotidien Le Parisien au cours du Tour de France de 1999. Peu après, pendant l'étape de Sestrières, il est vertement interpellé par Lance Armstrong, qui le menace de le bouter hors du cyclisme. Le fait est que, deux jours plus tard, alors que « plus aucun coureur sauf un ne lui adresse la parole », il abandonne l'épreuve et quitte le Tour de France en larmes.
Cet épisode de brimade (« bullying » en anglais) est retenu en bonne place par l'USADA dans les charges qu'elle retient contre Lance Armstrong dans son rapport.
En page 72, l'USADA relate dans le détail comment Armstrong récidive, quelques années plus tard, à l'égard du coureur italien Filippo Simeoni, qui s'était permis de témoigner devant le tribunal de Bologne contre le docteur Michele Ferrari, qui lui avait prescrit de l'EPO et de la testostérone, substances dopantes, Michele Ferrari, concepteur et directeur du système de dopage du coureur américain que le tribunal de Bologne devait déclarer coupable de fraude sportive dans son jugement du 1er octobre 2004.
Le 23 juillet 2004, jour de la dix-huitième étape du Tour de France, Lance Armstrong, ulcéré par ce témoignage, enjoint à Simeoni de quitter l'échappée où il figurait et de réintégrer le peloton où il lui déclare : « tu as commis une faute en témoignant contre Ferrari... J'ai beaucoup de temps et d'argent et je peux te détruire. »
L'USADA consacre tout un chapitre aux représailles et intimidations mises en oeuvre par Lance Armstrong non seulement contre ces deux coureurs mais aussi contre cinq autres témoins entendus par l'instance, et qui avaient donc rompu la loi du silence.
Ces comportements de type mafieux, toute la chimie mise au service de la tricherie et d'une « fraude massive » font considérer à l'USADA en conclusion de son rapport, que ces faits constituent « l'un des chapitres les plus sordides de l'histoire du sport ».
Ce chapitre, celui écrit par Lance Armstrong entre 1999 et 2005, se trouve ainsi qu'il a été observé à titre liminaire, dans la droite ligne du dopage par hormones peptidiques qui, apparu au début des années 1990, s'est ensuite diffusé très rapidement à tout le sport cycliste.
La force du système mis en place par Lance Armstrong a été, en s'adaptant au besoin aux contraintes générées par les progrès des contrôles, de le compléter, de l'adapter, de l'améliorer, de l'affiner, en premier lieu en faisant du docteur Michele Ferrari sa clef de voûte, Michele Ferrari qui, pour ses prestations, recevra une rémunération de plus d'un million de dollars dont l'USADA donne le détail, année après année, entre 1999 et 2005.
Le 19 mars 1999, sur le parking d'une aire d'autoroute près de Milan, se produit entre Lance Armstrong et Michele Ferrari la rencontre qui tient lieu d'acte fondateur du système de dopage en vigueur entre 1999 et 2005. « My numbers are great » exulte Armstrong devant son ami Frankie Andreu, témoin de l'USADA, en sortant du camping-car du médecin après une heure d'entretien.
Les protocoles de dopage concoctés par Ferrari, d'abord dans la lignée des programmes des années 1990 et centrés sur l'EPO, seront adaptés, après les progrès accomplis dans la détection de celle-ci, par le recours, à partir de 2000, au dopage par transfusion sanguine. Les témoins entendus par l'USADA exposent par le menu les extractions de sang pratiquées sur les coureurs de l'équipe et les ré-infusions faites lors des épreuves. Floyd Landis raconte comment, alors qu'il s'était arrêté de courir pour blessure, il avait été requis pour vérifier la température des poches de sang dans l'appartement d'Armstrong à Girona, en Espagne, en mai 2003, et faire ainsi du « babysitting de sang ».
Le système de dopage conçu et mis en oeuvre par Michele Ferrari avait d'abord été appliqué à un petit cercle que l'USADA désigne sous le nom de « A team » (Equipe A) : Lance Armstrong lui-même, Tyler Hamilton et Kevin Livingston puis, alors que la présence du médecin ait été requise à tous les camps d'entraînement (Saint-Moritz, Alicante, Puycerala, Austin, Tenerife), étendu à toute l'équipe, invitée à se conformer strictement à toutes les directives de Ferrari.
La supériorité de Ferrari a été que sa recherche l'a conduit non pas à se doper le plus mais plutôt à se doper le mieux à l'effet notamment d'éviter les contrôles. Il lui est dû par exemple l'administration des piqûres d'EPO par intraveineuse plutôt que par voie sous-cutanée car, par ce moyen, la substance dopante devient plus vite indétectable. Et aussi, durant la période du dopage sanguin, le recours à l'EPO mini-dosée pour stimuler l'opération nommée réticulocyte et masquer ainsi la transfusion de sang ou encore l'utilisation d'infusions salées pour faire baisser l'hématocrite.
Le système fonctionna à merveille et, année après année, la victoire fut au rendez-vous.
Se pose donc la question des effets du dopage moderne. Fausse-t-il complètement les résultats et enlève-il toute crédibilité aux compétitions cyclistes telles, notamment et au premier chef, le Tour de France ?
Ou alors, puisque le dopage se serait généralisé, le meilleur finit-il toujours par gagner ?

LES EFFETS DU DOPAGE ET LEUR PERCEPTION PAR LES INSTANCES DU CYCLISME, LA PRESSE ET LE GRAND PUBLIC

- Les effets du dopage

Beaucoup de préjugés ou de lieux communs circulent quant aux effets du dopage. Selon certains, il n'aurait pas toute l'efficacité qu'on lui prête et il conviendrait d'en relativiser l'importance. Plus nombreux sont ceux qui, déclinant le postulat énoncé par Pierre Chany, longtemps journaliste à l'Equipe, et selon lequel « un bourrin ne détrônera jamais un pur-sang », assurent que les classements reflètent toujours la hiérarchie des valeurs intrinsèques des compétiteurs.
Dans l'émission « Répliques » du 23 février 2012, déjà évoquée, Cyrille Guimard, ci-devant coureur cycliste et directeur d'équipe cycliste et désormais « consultant », finit par assurer que le dopage - parlait-il seulement du dopage « à l'ancienne », façon Jacques Anquetil qui était le sujet de l'émission, ou aussi du dopage moderne ? - le dopage donc n'a pour effet que de « rassurer les coureurs à qui il permet de ne pas avoir peur. Son effet est purement psychologique, c'est un effet placebo ».
Même si elle ne s'applique qu'au dopage « à l'ancienne », qui recourait notamment aux amphétamines et aux corticoïdes, cette opinion apparaît totalement infondée. Si Jacques Anquetil avait « les fesses trouées comme des passoires » - dixit Paul Fournel auteur d'un livre sur Anquetil et également invité de l'émission - si Roger Pingeon et Bernard Thevenet, anciens vainqueurs du Tour de France qui ont reconnu s'être dopés à la cortisone, ont déclaré le premier « les effets terribles sur ses glandes corticosurrénales qui n'ont plus jamais marché comme avant », le second « ne pas avoir été en état de remonter sur un vélo après trois ans de dopage à la cortisone », c'est que l'utilité de ce dopage ne devait pas être limitée au simple besoin de « se rassurer ».
Les effets du dopage moderne sont, sans aucun doute, d'une toute autre ampleur, tant sur les performances que comme facteurs de risques pour la santé des coureurs.
Le professeur Michel Audran, qui s'est livré à des expérimentations, évoque un gain substantiel d'efficacité à partir d'une hausse de cinq de l'hématocrite par rapport au taux initial. A l'audience du procès Festina, il s'est risqué à avancer une augmentation d'au moins 10% de la performance par le recours aux programmes de dopage.
Un pas décisif a été franchi par l'ingénieur Frédéric Portoleau qui a conçu un système de mesure de la puissance développée par les coureurs, notamment au cours des ascensions de cols, puissance exprimée en watts. Tandis que la puissance de Bernard Hinault était mesurée à 375 watts en 1985 et celle de Greg Lemond à 380 watts l'année suivante, dans les années 1990, celle de Miguel Indurain devait atteindre 448 watts, celle de Lance Armstrong 449 et celle de Jan Ullrich 474 watts ! Le plus modeste équipier d'Indurain parvenait à dépasser Hinault et Lemond tandis qu'entre 1985 et 1990, juste avant l'apparition de l'Epo, les puissances n'avaient pas augmenté. Frédéric Portoleau évalue à 12,5% le gain apporté par le dopage moderne, un niveau très comparable à l'estimation du professeur Audran.
Vers 1994-1995, expose encore Cyrille Guimard, « tout le peloton marche à l'EPO et en 1996, les résultats deviennent donc normaux », en quoi il entend que l'élévation artificielle du niveau de chacun conduit à ce que la hiérarchie des valeurs intrinsèques des cyclistes soit reflétée dans les résultats et qu'en conséquence, « le meilleur gagne », conformément au souhait général exprimé avant toute compétition. S'exprimant plus particulièrement sur le cas de Lance Armstrong, il assure qu' « Armstrong n'a pas été un imposteur » mais « un coureur surdoué qui s'est imposé tout de suite, même quand l'EPO n'existait pas ».
Ces opinions, exprimées par beaucoup d'observateurs - la personne de Cyrille Guimard n'est pas en cause - m'apparaissent comme gravement erronées et totalement inexactes.
La première constatation qui doit être faite, est que les coureurs n'ont pas un accès égal au dopage. Dans les années 1990, toutes les équipes n'ont pas recours au dopage médicalisé dont a fait choix l'équipe Festina, qui y a consacré environ soixante mille euros par an, entre 1996 et 1998, soit quatre cent mille euros au total. Dans certaines équipes, les coureurs se fournissent individuellement et se dopent moins bien ou... plus fort. Ainsi, Erwann Menthéour a reconnu s'être fourni lui-même en Italie en EPO qu'il s'est injectée pour porter son hématocrite jusqu'à soixante. « Avant l'EPO, déclare-t-il à l'Express le 29 juin 2000, je faisais du vélo, avec l'EPO, j'ai eu l'impression de rouler à mobylette ».
Il faut encore observer que les coureurs sont plus ou moins enthousiastes ou réticents à se doper au point, pour certains, de refuser tout dopage. Le cas d'Alex Zülle a été évoqué qui, se dopant à l'EPO depuis quatre ans, ne s'est décidé à compléter son dopage par les hormones de croissance qu'à l'été de 1998.
Ensuite, le postulat que le dopage généralisé maintiendrait la hiérarchie des valeurs dans l'état où elle aurait émergé sans dopage, repose sur la croyance - fausse - que les produits dopants engendrent les mêmes effets pour chacun, lors même qu'on sait bien qu'il n'en est rien des médicaments en général pour le commun des mortels. A dopage égal, effets différents. Ainsi, par exemple, Alex Zülle, à qui en définitive l'hormone de croissance n'a pas réussi, a-t-il été désavantagé par rapport à ceux de ses concurrents qui, profitant de ses bienfaits dans les étapes de montagne, ont d'abord brûlé les graisses, retardant ainsi l'utilisation de la réserve de glycogène de leurs muscles.
Plus encore, il faut se souvenir que les programmes de dopage sont conçus et mis à exécution pour optimiser les performances à des moments clés des épreuves. Le dosage des produits, leur combinaison, la date et l'horaire de leur prise, tels sont certains des facteurs à considérer pour que l'alchimie réussisse. Le journaliste Laurent Joffrin notait non sans malice mais avec pertinence dans Le Nouvel Observateur, que ce sont les soigneurs qui devraient monter sur le podium.
L'argument prétendument insurmontable avancé par les tenants de la thèse de la restauration de l'égalité des chances par la généralisation du dopage est qu'à partir de 1996, la limitation de l'hématocrite à cinquante par les contrôles a instauré une égalité parfaite.
Rien n'est moins vrai. C'est d'abord croire, naïvement, à la pleine efficacité des contrôles. Ensuite et surtout, cette pseudo-vérité n'intègre pas une donnée essentielle : l'inégalité naturelle des hématocrites qui sont généralement compris entre 35 et 45. Un coureur qui a un hématocrite naturellement élevé, autour de 45, ne bénéficie que d'un facteur d'amélioration de la performance de 10% en le portant à 50, tandis que celui dont le taux se situe bas, vers une valeur de 35, majore ce facteur de 40% au moins, soit huit fois plus que son concurrent.
Comment ne pas être conscient, enfin, que l'émergence du dopage moderne a bouleversé le schéma du déroulement des épreuves par étapes, telles que le Tour de France ? Le schéma ancien voyait les coureurs puissants, athlétiques et plus lourds, distancer les grimpeurs, de morphologie plus fluette, au buste léger, dans les étapes de plaine, tandis que, dans les cols, ceux-ci lâchaient les premiers qui, en raison de leur carrure et de leur poids, se trouvaient dans l'impossibilité de les suivre .
A rebours de ce schéma de course, les années 1990 ont vu, à mesure que l'Epo, notamment, se diffusait, l'émergence de la suprématie des athlètes puissants, pesant aux alentours de 80kg, dans toutes les étapes au point même de les voir caracoler devant les autres au sommet des montagnes, la puissance des vainqueurs y passant de 370 watts à 450 watts. Le coureur danois Bjarne Riis, qui a reconnu s'être dopé à l'EPO pour obtenir sa victoire au Tour de France en 1996, et aurait été surnommé « monsieur 60% » par référence à son hématocrite, s'était classé 95ème en 1989 à l'âge de vingt-cinq ans, 107ème deux ans plus tard avant de se hisser, grâce à l'usage de l'Epo, à la 14ème place en 1994, la 3ème en 1995, année précédant sa victoire. Sans le dopage moderne aux hormones peptidiques, sans doute serait-il resté dans les profondeurs du classement.
Quant à Lance Armstrong, et contrairement à ce qui a pu être affirmé, ses premières apparitions sur le Tour de France se font à partir de 1993 alors que le dopage par les hormones peptidiques est en déjà en voie de diffusion rapide, et elles sont ponctuées par des résultats qui n'ont rien d'éclatant. Il abandonne l'épreuve dans trois des quatre Tours, entre 1993 et 1996, et ne termine qu'à la 36ème place en 1995. Se dopait-il alors ? Assurément, il l'a fait plus tard pour obtenir ses sept victoires, ce qu'il a reconnu et que démontre la mesure de sa puissance dans les cols, aux alentours de 450 watts. Si ce dopage n'avait pas existé, Lance Armstrong aurait-il quand même remporté le Tour de France ? Christophe Bassons, athlète très doué mais non dopé l'aurait-il gagné ? Nul ne peut vraiment répondre à ces questions ce qui, en soi, est déjà... une réponse ou, au moins, un motif de réflexion. Christophe Bassons lui-même se souvient que, pendant les premiers stages d'entraînement de la saison cycliste, il distançait Richard Virenque en montagne, et même Alex Zülle, avant d'être irrémédiablement dépassé, dès que les premières cures d'EPO produisaient leur effet sur les autres coureurs. La conclusion qu'il en tire dans une interview donnée au Monde le 27 août 2012 ne paraît pas du tout invraisemblable. Pour lui, entre le vainqueur qui se dope et celui qui, finissant aux alentours de la quatre-vingtième place, ne se dope pas, il n'y a pas d'écart. Sur un pied d'égalité, sans dopage, « le 80ème peut terminer devant le maillot jaune ».
En toutes hypothèses, celui qui ne se dope pas, ne se trouve pas exposé aux risques du dopage pour la santé moins bien connus et mesurés que ceux qu'il produit sur la performance.
Les risques pour la santé des coureurs sont déclarés nuls par la cohorte des médecins sulfureux associés aux programmes de dopage, les Ferrari, Rijckaert, Jimenez Diaz, Fuentes, Celaya, Terrados Cepeda, Garcia Del Moral...
Telle n'est pas l'évaluation de nombreux autres médecins ou professeurs, qui font autorité dans ce domaine et notamment ceux qui ont été entendus au procès Festina : Françoise Bressoles, Marc Deveaux et Michel Audran. Le professeur Jean-Paul Escande, désignant ce risque sanitaire sous les termes, d' « inconnue majeure », en fait une présentation particulièrement éclairante : « Le dopage moderne consiste en l'utilisation simultanée de molécules surpuissantes à des doses inimaginables données à des athlètes en plein effort, et qui sont surentraînés. L'introduction des produits super dopants, l'érythropoïétine, l'hormone de croissance, les interleukines, par exemple, autorisent une véritable surnaturation du corps humain. Nous sommes... dans une modification profonde, durable et pérenne, du corps humain. Le dopage qui surnature l'organisme crée pour la santé dans l'immédiat, à moyen et à long terme, des dégâts sans doute extrêmement graves. Le degré de probabilité ou de possibilité de la réalisation de ces risques ne sont pas connus, faute de recul, mais l'existence de ceux-ci paraît incontestable. »

- La prise en considération du dopage et de ses effets par les instances du cyclisme, les commentateurs de ce sport, et enfin par le grand public.

Par instances du cyclisme en charge de l'organisation du Tour de France, il faut entendre l'Union Cycliste Internationale (UCI), la Fédération Française de cyclisme (FFC), et la Ligue Cycliste Professionnelle (LCP), instances proches desquelles se trouve la Société du Tour de France. C'est en raison des effets immédiats sur la santé des coureurs du dopage au moyen de l'EPO que ces instances ont acquis une connaissance précoce de ce nouveau dopage, bien plus puissant que l'ancien. Il a été exposé qu'à la fin des années 80, sept coureurs néerlandais étaient morts d'une thrombose survenue durant leur sommeil.
Au cours du Tour de France 1993, la nouvelle se répand que des coureurs font sonner leur réveil la nuit pour faire des « pompes » et éviter de succomber eux aussi à la thrombose. Le ton alarmiste d'un courrier adressé le 22 septembre 1993 par l'UCI aux fédérations de cyclisme et aux directeurs des équipes ne surprend donc pas : « Le cyclisme est en ébullition depuis l'apparition de l'érythropoïétine, l'EPO, hormone peptidique produite par les reins et considérée comme substance dopante ». Dans leur réponse du 21 octobre 1993, un mois plus tard, la Fédération française de cyclisme et la Ligue cycliste professionnelle acquiescent : « Nous sommes parfaitement conscients de la nécessité de lutter énergiquement contre le dopage surtout quand la substance dopante concernée (l'érythropoïétine ) peut se révéler particulièrement dangereuse pour la santé des coureurs ». On peut cependant douter de l'énergie de la lutte car, pendant les années qui suivirent et jusqu'en 2000, le budget consacré à la lutte anti-dopage n'a représenté que 10% des sommes dépensées pour le dopage lui-même. Jusqu'en 2000, l'EPO est restée indétectable et, aujourd'hui encore, l'hormone de croissance, le testostérone et le dopage sanguin le sont pratiquement toujours.
Trois ans après la prise de conscience de l'automne de 1993, les dirigeants de la fédération française de cyclisme, de la ligue cycliste professionnelle et de la société du Tour de France écrivent conjointement à l'UCI, dans un courrier du 18 octobre 1996 : « Nous craignons que l'utilisation des ces substances - les hormones peptidiques- visant à la tricherie ne soit devenue une véritable tentation professionnelle puisque le phénomène nous paraît faire tâche d'huile ».
Ces conclusions leur ont sans doute été inspirées par l'observation du déroulement des derniers Tours de France et par leurs résultats.
Il n'a pu leur échapper que la puissance développée dans les cols par les modestes équipiers de certaines équipes dépassaient -et de loin- les performances des plus grands champions des années 80, Bernard Hinault et Greg Lemond, relégués au rang de tâcherons poussifs.
Sans doute, ont-ils dû s'étonner que le coureur classé 107ème du Tour de France 1991 à 2h8mn du vainqueur, remporte l'épreuve en 1996.
De guerre lasse, dans l'impossibilité d'empêcher le dopage, la commission de sécurité et des conditions du sport de l'UCI décide d'instituer des contrôles sanguins et de « déclarer inaptes » - mais non, dopés- les coureurs dont l'hématocrite serait mesuré à plus de cinquante ce qui a entraîné, comme il a été dit, l'apparition des « centrifugeuses ».
En septembre 1997, le 15, le président de cette commission, le médecin Léon Schattenberg, observe que les « excès sont endigués » et qu'on est parvenu à une « gestion de l'EPO ». Dans un courrier adressé à tous les coureurs, le 17 août 1998, il souligne que « l'utilisation abusive d'EPO doit être éradiquée » mais en ajoutant « les contrôles de santé ne signifient pas que le dopage soit éradiqué. Ni maintenant, ni à l'avenir ».
Ce dernier pronostic sera entièrement vérifié : durant les sept années qui suivirent, fut mis en place le programme de dopage le plus élaboré de l'histoire du cyclisme, celui de Lance Armstrong que détaille avec précision le rapport de l'USADA qui, dans son chapitre E, relate qu'il a su profiter des faiblesses de la lutte anti-dopage pour échapper aux contrôles en évitant les courses de début de saison et les contrôles s'y rapportant, alors que n'existait pas encore l'obligation de porter la localisation des camps d'entraînement à la connaissance des autorités du cyclisme.
Assurément donc, les instances du cyclisme ont connu très tôt l'existence du dopage moderne et de ses effets, non seulement sur la santé des coureurs, mais aussi sur leurs performances.
Sans doute, en conséquence, auraient-elles dû en informer le public, par exemple en faisant diffuser en continu sur les écrans de télévision retransmettant les étapes du Tour de France un avertissement dont je suggère qu'il aurait pu être rédigé ainsi : « en raison de la diffusion rapide d'un dopage de forte intensité, nous ne pouvons garantir la sincérité des résultats ». Ou, plus exactement encore « Nous ne pouvons garantir que l'insincérité des résultats ».
Bien sûr, une telle annonce n'a pas été faite et, au contraire, a été diffusée la croyance, après chaque scandale, que le Tour de France, et le cyclisme en général, pouvaient s'auto- régénérer comme par une sorte d'effet de magie. C'est ainsi qu'en 1999, Jean Marie Leblanc, directeur de la société du Tour de France, a pu annoncer, l'année suivant le scandale Festina qu'allait se courir : « le Tour du renouveau ». Dans son rapport, l'USADA s'amuse que ce « Tour du renouveau », le premier d'une série de sept, ait été gagné par Lance Armstrong grâce au système perfectionné par Michele Ferrari.
Cette communication mise en oeuvre par les instances du cyclisme, la façon aussi dont les commentateurs de ce sport traitent du dopage expliquent peut-être pourquoi la désaffection du public à l'égard des épreuves telles que le Tour de France n'est que partielle.
Certes et très probablement, nombreux sont ceux qui préfèrent s'aveugler. On se souviendra qu'après que la corruption de joueurs de football par Bernard Tapie eut été établie, celui qui se faisait siffler dans les stades par une partie du public, était celui qui avait dénoncé la corruption.
En fait, les grands sportifs s'apparentent à des héros modernes qu'on n'aime pas voir déboulonnés. J'ai moi-même longtemps partagé la nostalgie qui a inspiré Alain Finkielkraut, un philosophe que je respect et admire, dans son émission sur Jacques Anquetil et peut-être, serait-ce encore aujourd'hui le cas si je n'avais pas eu à connaître dans les détails la réalité du dopage dans le cyclisme.
Il reste que la manière dont le dopage est traité par les commentateurs brouille le message. Ceux-ci paraissent frappés de troubles de la mémoire antérograde, celle qui a pour fonction de retenir les faits récents. Dans les colonnes d'un même journal et, quelquefois de la même édition, on peut lire un article détaillant et dénonçant le dopage, et un autre rapportant avec ferveur le déroulement d'une étape du tour de France et célébrant la geste jamais abandonnée des « forçats de la route » .
Plus encore, la façon de considérer les tricheurs, cyclistes, soigneurs, directeurs d'équipes, est empreinte d'ambiguïté. Certains sont recrutés comme consultants, d'autres se voient confier des responsabilités dans le sport cycliste, recevoir des décorations, quelques-uns enfin seraient même des commensaux de ceux qu'on appelle les grands de ce monde - ne dit-on pas que Lance Armstrong a été et est peut-être encore une relation de Georges Walker Bush. Qu'en est-il enfin du cyclisme aujourd'hui, et du dopage dans le cyclisme ?
Je n'ai pas les moyens de répondre à cette question, seulement conscient que des méthodes existent dont les observateurs de ce sport feraient bien de s'inspirer pour y répondre eux-mêmes ainsi celle permettant de mesurer la puissance des cyclistes. Sans doute ne sont-elles pas parfaites, mais pourquoi ne pas systématiser l'usage de cet outil et vulgariser les mesures obtenues ?
En est-on aujourd'hui revenu aux niveaux de puissance que développaient des champions comme Bernard Hinault ou Greg Lemond ?
Quant à cette comparaison des puissances et des vitesses, il me revient l'observation prosaïque faite au cours du procès Festina par Erwann Menthéour auquel il ne saurait être reproché de pratiquer la langue de bois. Je l'entends encore dire, avec la décontraction qui le caractérise : « On se dopait comme des fous. On était bien cons parce ceux qui nous ont succédé et qui déclarent ne prendre que de l'eau minérale, roulent aussi vite que nous et même plus vite ». C'était en octobre 2000 et Lance Armstrong avait gagné le « Tour du renouveau » et aussi le suivant...
L'apparition du dopage sanguin en 2000 telle que relatée dans la rapport de l'USADA qui observe que plusieurs substances restent indétectables, démontre que le dopage s'adapte sans cesse aux progrès des contrôles.
Aussi, peut-on sérieusement avancer l'hypothèse que le cyclisme et son épreuve emblématique, le Tour de France, ne pourraient spontanément s'auto-régénérer et se purifier de tout dopage sans qu'une clarification générale accompagnée d'un moratoire des épreuves ne soit pratiqué.
Peut-être faudrait-il commencer par faire la clarté sur toutes ces années noires du dopage car des zones d'ombre existent encore. L'USADA a ainsi envisagé la possibilité que les fonds versés par Lance Armstrong à l'UCI en 2004 l'aient été pour que soient écartés les résultats d'un contrôle antidopage au Tour de Suisse de l'année précédente.
L'engagement d'enquêtes, l'invitation faite aux acteurs du cyclisme à s'expliquer sur leur dopage contribueraient certainement à cette clarification sans laquelle le crédit des compétitions ne saurait être vraiment restauré.