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[TdF21#13] Faux et usage de faux

11-07-2021, 00:47 - Antoine Vayer

Nous arrivons en Andorre, paradis fiscal.

Je vais vérifier si je retrouve la Banca Mora, où tous les membres de l'équipe Festina, qui avait son siège dans la principauté, avaient un compte sur lequel était versé une bonne partie de leur salaire, en « contrat d'image ». Un « oeuf », c'était 10 000 francs. Tour à tour, ceux qui se rendaient en Andorre allaient chercher les commandes en « oeufs » de chacun. Il fallait alors glisser les liasses de billets dans le pantalon pour passer la « frontière ». C'était la consigne. Festina faisait des jaloux. L'équipe n'avait aucune charge patronale. Beaucoup de ses membres ne cotisaient à aucune caisse de retraite, ni de maladie. Certains le regrettent maintenant. Depuis, le cyclisme a évolué. Il est aussi entré dans l'ère de la mondialisation pour tout le monde. Festina a été pionnière à plein de niveaux. Le montage financier de pléthore de structures est délocalisé, pour tricher. Optimiser diront certains. Julian Alaphilippe est en tête d'un peloton de plus de 70 autres coureurs cyclistes professionnels qui habitent en Andorre. Certains font semblant, en confiant une carte bleue à des amis résidents qui opèrent quelques achats ciblés de courses alimentaires pour attester de leur pseudo présence. Le taux d'imposition est d'environ 10%, là où il pourrait être à presque 50% dans leurs pays d'origine. Cavendish, lui, est originaire de l'île de Man, paradis fiscal pour jets privés. On suppose qu'il n'a pas déménagé, même si souvent, il ne sait plus où il habite, tout comme son collègue anglais Wiggins qui commente ses sprints.





Fin de la gratuité du Tour

Sur le Tour de France, tout, absolument tout repose sur l'argent. Pédaler, pour les coureurs, n'est qu'un vulgaire métier. Commenter ou écrire les pseudos-exploits auxquels personne n'accorde le moindre crédit, en n'oubliant pas de ramener une pointe de nostalgie et de mélancolie à destination des plus de 60-70 ans qui sont le socle des spectateurs, n'est qu'un vulgaire métier. L'organisateur n'a qu'un objectif : son business model qui doit rapporter, partout, tout le temps. À côté des « vieux », il cible les VIP et la néo-pratique des quadras et quinquas qui ont une rolex au poignet. C'est son unique préoccupation. Il n'a de cesse d'éliminer tout ce qui pourrait parasiter son affaire juteuse. Les coureurs et tous les suiveurs sur l'épreuve sont considérés ipso facto comme les employés de la startup. Le Tour n'est plus qu'une vulgaire startup. L'argent, c'est l'unique moteur, encore meilleur que celui qui étaient dans certains vélos. La fraude technologique se loge ailleurs, dans les rouages. Ces systèmes de fraudes se sont adaptés au fur et à mesure de la suspicion. Tout repose pourtant sur le fake décomplexé.

J'ai maintenant une paire de bodyguards attitrée, jeunes hommes de l'organisation qui n'ont jamais vraiment pédalé, propre sur eux, un tantinet arrogants. Comme les témoins de Jéhovah, ils surveillent par deux et n'ont de cesse de convertir. Ils ont moins de 30 ans. Ils sont comme beaucoup, embauchés pour quatre semaines, sans doute issus d'une école de commerce payée par leurs parents. Ils jouent les cerbères, ridicules, ils parlent mal :

_ « On m'a dit de ne pas vous faire passer là ! ».

Je demande qui c'est, « on ».

_ « Je fais ce qu'on me dit. J'obéis. Point ! ».

Ils vont s'énerver et avoir des boutons. Les libertés, c'est terminé. Celles des coureurs, cela fait longtemps qu'elles sont quasi nulles. On dit aussi que le Tour est un spectacle gratuit. C'est faux. Les spectateurs, les téléspectateurs, les lecteurs paient, de manière indirecte ou directe. Du moins, ils sont le prétexte pour faire cracher au bassinet. Pour l'instant, avec les sponsors, les médias qui peuvent vraiment photographier, filmer, le font parce qu'ils passent à la caisse, d'une manière ou d'une autre. Les suiveurs de la presse écrite doivent s'acquitter d'une gabelle de plus de 1000 euros pour avoir accès à un wifi pour deux appareils. C'est implicite, puisqu'ils paient, ils doivent, dans le bocal de la salle de presse le faire d'une manière qui plait à « on », c'est-à-dire en entretenant la naïveté des gens. C'est le fonds de commerce de « on », pronom indéfini neutre. Des rappels à l'ordre quant aux contenus sont faits, de manière plus ou moins claire, que ce soit pour les télévisions ou pour la presse écrite. Il faut désinformer, en permanence, selon le standard : ne pas nuire à l'image et en fabriquer.

Communication

L'ambiance est malsaine. Rien n'est humain, des performances aux rapports totalement hypocrites entre les gens.

Comme de bien entendu, il faut, pour entretenir et falsifier ce système en faisant croire l'opposé de ce qu'il est, de la communication : beaucoup de communication. Tout comme a disparu toute trace de crédibilité vis-à-vis des performances, il n'existe quasiment plus une once d'émotion et de sincérité naturelle. On la crée donc. On l'orchestre pour la journée au niveau de « on », en tentant de la contrôler par son achat, au niveau des télévisions, au niveau des équipes. Cavendish est filmé en train de jeter une casquette sur la tombe de Tom Simpson dans le mont Ventoux, anglais devenu le symbole de la mort en direct par dopage. Peut-on être plus indécent ? Non.



On utilise le vulgaire, quitte à le tordre comme une serpillière pour en tirer toutes les gouttes. On l'utilise avec de la projection en inversant les choses. Ceux qui dénoncent sont dénoncés. Ceux qui sont propres sont salis. C'est l'air du temps de la startup du « on » et de sa réalité économique.

Le Tour de France, ce n'est plus un sport. C'est le faussaire de l'usage du faux, à tous les niveaux.

Antoine Vayer