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Les progrès de Jorgenson sur Paris-Nice 2025, par Frédéric Portoleau

18-03-2025, 10:15 - Frédéric Portoleau

Matteo Jorgenson vient de remporter pour la deuxième fois Paris-Nice. Sans gagner d'étape l'Américain a fait preuve d'une grande régularité sur tous les types de terrain (étapes de plaine, de montagne, vallonnée et le contre-la-montre par équipe).

Ce Paris-Nice 2025 comportait quatre étapes avec des estimations de puissance possibles en montée: la Loge des Gardes (étape 4), Notre Dame de Sciez (étape 5), Auron (étape 7) et les Quatre Chemins (étape 8).


Jorgenson, Lipowitz, Skjelmose et Foss au sprint de Lançon-Provence (étape de Berre-l'Étang)


La Loge des Gardes

Le double vainqueur du Tour de France, Jonas Vingegaard, a été devancé par Joao Almeida au sommet de la Loge des Gardes. Pourtant le Danois s'était échappé à 2 km de l'arrivée en contrant Lenny Martinez puis en dépassant Tobias Foss échappé qui avait abordé la montée finale avec 40s d'avance. Contrairement à son habitude Vingegaard n'a pas pu se maintenir en tête après son accélération. Almeida, qui lisse bien son effort en général dans les montées de cols l'a rattrapé dans les cent derniers mètres. Le Danois a manqué de puissance en fin de montée. L'étape avait été interrompue en raison d'une averse de grêle avant de reprendre à 30 km de l'arrivée.

Almeida a développé 436 watts étalon (6,3 w/kg si 63 kg) pendant 16min38s sur la Loge des Gardes. Il y a deux ans cette ascension de 6,7 km à 7,19% avait été gravie plus rapidement par Tadej Pogacar et David Gaudu en 16min19s. Vingegaard qui a moins bénéficié de l'aspiration, puisqu'il est parti seul, se situe à 439 watts étalon (6,45 w/kg si 60 kg). C'est loin de son maximum. Par exemple il avait développé 486 watts étalon au Col de Marie Blanque pendant 16min13s sur le Tour de France 2023. Jorgenson a terminé quelques secondes derrière Almeida avec 431 watts étalon (6,15 w/kg si 70 kg).

Les performances du jour ne sont pas exceptionnelles. Les puissances développées assez basses s'expliquent en partie par la fraîcheur des températures, probablement aussi par l'interruption pendant laquelle certains coureurs se sont refroidis et ont pu avoir du mal à retrouver de bonnes sensations. Pedersen a mené le peloton avant la montée finale et sur le bas de la Loge des Gardes pendant 2,5 km. La course a été assez tactique avec des successions d'attaques et de ralentissement.

L'équipe Visma ne disposait pas de super équipiers comme Van Aert ou Kuss pour imprimer un rythme très élevé en tête. Leur deux meilleurs coureurs Vingegaard et Jorgenson ne pouvaient pas gaspiller de l'énergie en tête du peloton en début d'ascension afin de se préserver pour le classement général.


Le peloton des battus à Lançon-Provence (étape de Berre-l'Étang)


La côte Saint André

Le lendemain, Lenny Martinez a levé les bras au sommet de Notre Dame de Sciez sur les hauteurs de la Côte Saint André. Le jeune grimpeur de 21 ans a escaladé cette montée de 1,69km à 11,12% comportant un passage à 18% en 5min14s. Sa puissance étalon est de 513 watts et cela correspond à 7,65 w/kg pour 53 kg. C'est probablement sa meilleure performance réalisée en compétition sur un effort de 5min. Lenny Martinez a toutefois déjà montré son potentiel sur des montées courtes. Par exemple il avait développé en 2024 sur la montée de la Malate 491 watts étalon pendant 10min33s.

Jonas Vingegaard a perdu sa tunique de leader au profit de son coéquipier Jorgenson, Le Danois qui est tombé en cours d'étape n'était pas au meilleur de sa forme. Il a perdu 26s sur Martinez et a développé 470 watts étalon seulement (6,85 w/kg si 60 kg) pour un effort de 5min40s. C'est 70 watts de moins que sur la montée de San Luca (5min25s) sur le Tour de France 2024 quand il avait réussi à suivre Pogacar.

Avec sa forme des derniers Tour de France, Vingegaard aurait aisément remporté ces deux arrivées au sommet. Jorgenson qui a imposé son rythme a encore été bien présent sur cette étape, il perd seulement 4s sur Martinez avec 506 watts étalon (7,2 w/kg si 70 kg) et devient le nouveau leader.

Auron

Jorgenson et son équipe ont contrôlé la course sur la montée d'Auron. Une étape disputée sous une température fraîche avec même des chutes de neige dans le final. Parmi ses adversaires au classement général, seul Lipowitz a pris quelques secondes dans le dernier kilomètre. Jorgenson a gravi la montée d'Auron (7,35 km à 7,17%) en 18min50s et a développé l'équivalent de 418 watts étalon (5,95 w/kg si 70 kg). Felix Gall a réalisé le meilleur temps en 18min33s soit 431 watts étalon. Storer, présent dans l'échappée, remporte l'étape et gravit la montée d'Auron en 19min27s, à 412 watts étalon. Il a concédé 57s à Felix Gall sur cette dernière ascension. Comme sur l'étape de la Loge des Gardes, le froid a eu un impact sur les puissances développées. Dans de bonnes conditions, un certain nombre de coureurs présents sur cette course peuvent dépasser les 450 watts étalon sur un bloc de 20 minutes. Après le coup de force collectif de la veille de l'équipe Visma sur la route de Berre-l'Étang et l'écart creusé au classement général, Jorgenson a peut-être préféré suivre ses concurrents et ménager ses équipiers.

Nice

En conclusion de Paris-Nice s'est déroulée la traditionnelle étape autour de Nice dans les Alpes Maritimes.



Après la remontée des vallées du Var et de la Vésubie à 50km/h de moyenne et l'ascension du col de Porte à 405 watts étalon sur le dernier tronçon de 7km, Jorgenson s'est retrouvé isolé, sans équipier autour de lui, dans le peloton des favoris. Le début d'étape a éliminé les coureurs fatigués. Dans la côte de Peille (6,63 km à 6,95%), Felix Gall, qui retrouve de bonnes jambes, et Alexander Vlasov ont attaqué et rejoint Pedersen à proximité du sommet. Le Danois avait abordé la montée de Peille seul devant avec une avance de 1min06s. Gall et Vlasov ont été les plus rapides en 16min02s, ce qui équivaut à 444 watts étalon. Jorgenson est passé au sommet à 16s soit une puissance étalon de 437 watts.

A 26km de l'arrivée, Jorgenson s'est permis d'attaquer dans le col d'Eze (1,7 km à 9%). Même si Magnus Sheffield 6ème du classement général à 2min54s est échappé à ce moment là, il aurait pu je pense rester en compagnie de Lipowitz et d'Arensman dans l'objectif de conserver sa place de leader. Il visait sûrement la victoire d'étape. Avec un effort très intense de 550 watts étalon (7,8 w/kg si 70 kg) pendant 4min14s, il parvient à rejoindre Gall et Vlasov mais pas Sheffield et Perdersen.

Accompagné de Felix Gall, Jorgenson grimpe dans le final le col des Quatre Chemins (3,6 km à 8,97%) en 10min21s, ce qui représente 465 watts étalon (6,6 w/kg si 70 kg). Magnus Sheffield reprend 9s dans la montée (473 watts étalon) et passe au sommet avec 21s d'avance. Il remporte l'étape, Jorgenson ne parvenant pas à revenir dans la descente. Le groupe de Lipowitz, Arensman et Champoussin (premier Français de la course) reprennent quelques secondes dans cette rude montée des Quatre Chemins avec un temps de montée de 10min10s soit 468 watts étalon.

Matteo Jorgenson a bien progressé en montagne depuis qu'il a incorporé l'équipe Visma en 2024. L'année dernière il a réalisé de grandes performances dans les ascensions de plus de 30 minutes au Dauphiné (Collet d'Allevard 31min53s, 440 watts étalon) et sur le Tour de France (La Couillole 40min47s, 437 watts étalon). Il a développé environ 30 watts étalon de moins que Pogacar à son meilleur niveau. Sa performance la plus remarquable de ce Paris-Nice en ce qui concerne les chiffres de puissance reste son accélération dans le col d'Eze avec 550 watts étalon pour 4min14s d'effort. Il pourrait d'ailleurs s'illustrer sur une classique comme Liège-Bastogne-Liège où les coureurs doivent développer de fortes puissances sur des côtes de 3 à 4 minutes. Les puissances développées dans les principaux cols ont été affectées par la méteo. Il faut souligner aussi ses grandes capacités de récupération, ses aptitudes sur tous les terrains et la force de son équipe dans les étapes plates. Ce Paris-Nice s'est joué aussi lors du contre-la-montre par équipe et sur la route de Berre-l'Étang. Le Dauphiné nous dira en juin s'il progresse encore sur les longs cols pour viser pourquoi pas un podium sur un grand Tour.


Le profil de puissance de Matteo Jorgenson


Frédéric Portoleau