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Le Tour de France 2017, par Frédéric Portoleau
25-07-2017, 12:42 - Frédéric Portoleau
Les temps forts par étape
La montée de la Planche des Belles Filles dans les Vosges a été le théâtre de la première explication entre leaders sur terrain montagneux. Fabio Aru remporte l'étape grâce à un impressionnant démarrage à proximité de l'arrivée. Il développe l'équivalent de 485 watts étalon pendant 6min13s (presque 7 w/kg si 66 kg). Avec un temps de 16min11s sur l'ensemble de la montée, il bat le record de Chris Froome de 12s qui datait du Tour 2012. Son niveau de puissance étalon se situe à 463 watts (6,65 w/kg si 66 kg). Pour cette durée d'effort, il s'agit d'une valeur élevée pour la période actuelle du cyclisme. Contador, Froome et Valverde ont déjà réalisé de telles performances. Chris Horner, dans la forme de sa vie à 42 ans, a fait mieux sur la Vuelta 2013: 480 watts étalon à Pena Cabarga pendant 16min44s. Plus loin dans le temps, j'ai estimé la puissance d'un certain Marco Pantani à 490 watts étalon pendant 15min21s à Madonna di Campiglio au Giro 1999.
Quelques jours plus tard, les coureurs devaient affronter la terrifiante étape de Chambéry avec trois cols hors catégorie comportants de forts pourcentages comme souvent au Tour d'Italie ou au Tour d'Espagne. Le col de la Biche est gravi sur un « tempo » relativement lent avec l'équipe Sky en tête à 349 watts étalon (5 à 5,1 w/kg) puis l'équipe AG2R accélère dans la descente et dans le col du Grand Colombier. Cette fois-ci, le rythme apparait beaucoup plus intense à 388 watts étalon (5,6 à 5,7 w/kg) pour le groupe des favoris composé de 20 coureurs seulement au sommet. En fin d'étape, les coureurs gravissent le relais du Chat (8,8 km à 10%). Après un début d'ascension à 386 watts étalon pendant 19 min, la course entre les favoris du Tour s'intensifie à proximité du sommet avec 429 watts étalon pour les plus forts pendant 11min42s. Sur l'ensemble du col, Froome, Bardet, Porte, Aru, Fuglsang sont à 414 watts étalon (de 5,9 à 6 w/kg). Le Relais du Chat avait été gravi beaucoup plus vite au Dauphiné lors d'une étape au profil moins montagneux. Aru escalada le col en 29min10s, soit 1min32s de moins que Froome sur cette étape de Chambéry.
Entre temps, Lilian Calmejane remporte l'étape des Rousses en solitaire après une belle montée vers les Molunes à 403 watts étalon (5,8 w/kg si 69 kg).
La grande étape des Pyrénées se terminait sur la piste de l'altiport de Peyragudes. Le peloton escalade le col de Menté par son versant Est à un rythme de 374 watts étalon (5,4 à 5,5 w/kg). Puis, l'équipe Sky sous la conduite de l'ancien champion du monde Michal Kwiatkowski hausse le rythme lors de l'ascension du Port de Balès. La puissance étalon pour un coureur au milieu du peloton se situe à 399 watts (5,7 à 5,8 w/kg), ce qui est rapide pour un col en cours d'étape. Le Polonais poursuit son effort en tête du peloton des favoris sur la première partie du col de Peyresourde. L'effort devient très intense avec 421 watts étalon (de 6,1 à 6,15w/kg) pendant 12min36s. Sur la fin du col, Nieve prend le relais mais le rythme baisse avec 396 watts étalon (de 5,7 à 5,8w/kg) pour les favoris du Tour. Le vent de dos a permis aux meilleurs coureurs du Tour de France de rouler vite sur cette ascension et de gravir les 9,8 km de montée en 26min42s, comme Contador et Rasmussen en 2007. Romain Bardet se révèle le plus fort sur la dernière côte et remporte l'étape.
La courte étape de Foix de 100 km le lendemain a vu l'attaque de Contador accompagné par Landa lors de l'ascension de Col d'Agnes. L'Espagnol établit une nouvelle meilleure performance en 28min45s depuis la sortie d'Aulus. Cela représente une puissance étalon de 419 watts (6,1 w/kg si 62 kg) pour l'Espagnol. C'est une grande performance pour un col en cours d'étape même si l'étape était courte.
Uran, Bardet, Aru et Froome apparaissent les plus forts lors de la dernière ascension du jour, le col de Peguère. Ils développent l'équivalent de 420 watts étalon (de 6 à 6,1w/kg) pendant 26min46s. Sur la portion la plus pentue en fin de col (3,6 km à 11,96%), les leaders développent l'équivalent de 436 watts étalon (de 6,25 à 6,3w/kg) pendant 13min50s.
Le Tour de France traverse le massif central lors de l'étape Laissac-Le Puy. L'équipe AG2R tente un coup de force peu avant le pied du col de Peyra Taillade. Froome, victime d'une crevaison, débute l'ascension avec 40s de retard sur les autres favoris du Tour. Avec l'aide de Nieve puis de Landa, Froome reprend sa place dans le groupe des leaders peu avant le sommet. Il développe l'équivalent de 435 watts étalon (6,25 w/kg si 67 kg) pendant 22min06s.
Un grand classique a été proposé lors de la première étape des Alpes avec l'enchainement Croix de Fer/ Galibier et une arrivée à Serre Chevalier. Contador dynamise la course dans le col de la Croix de Fer. Il développe l'équivalent de 459 watts étalon (6,7 w/kg si 62 kg) pendant 15min43s sur la portion en pente forte avant le Rivier d'Allemont. Derrière, l'équipe Sky contrôle la course et cherche à ne pas trop perdre de temps sur Contador. Kyrienka assure le rythme en tête du peloton des favoris à 418 watts étalon (6 w/kg) sur la première partie du col puis à 387 watts (5,6 w/kg) sur la portion raide avant le barrage de Grand Maison. Le rouleur Bielorusse va être relayé pour l'équipe Sky par Michal Kwiatkowski. Le Polonais impose en tête du peloton sur le col du Télégraphe un rythme à 389 watts étalon (de 5,6 à 5,7 w/kg pour les leaders). Infatigable, il poursuit sa tâche sur le bas du Galibier à 366 watts étalon (5,3 w/kg pour les leaders). Daniel Martin attaque peu après Plan Lachat mais il n'arrive pas à creuser d'écart. Romain Bardet place 3 démarrages, Froome répond à chaque fois. La dernière partie du Galibier est gravi à un ryhme moyen de 390 watts étalon (5,7 w/kg) par Barguil, Bardet, Uran et Froome. Sur l'ensemble du Galibier, Barguil en 49min16s ne concède que 56s à la performance de Pantani qui date de 1998. Le vent était favorable cette année, surtout sur la partie basse avant Plan Lachat, et le rythme de course était relativement lent dans cette portion en 1998 (train de l'équipe Telekom) avant l'attaque de Pantani. Sur la dernière portion depuis Plan Lachat, Barguil concède 1min18s à Pantani.
Primoz Roglic, membre de l'échappée matinale, remporte l'étape après une remarquable ascension du Galibier : 51min20s sur un rythme de 367 watts étalon (5,3 w/kg si 65 kg).
Pour la dernière étape de montagne, les coureurs devaient franchir les célèbres cols des Alpes du sud, Vars et Izoard. L'équipe AG2R hausse le rythme sur la fin de la montée du col de Vars : 17min à 383 watts étalon (de 5,5 w/kg à 5,6 w/kg). Les équipiers de Romain Bardet continuent de mener la chasse dans la vallée du Guil en direction de l'Izoard puis jusqu'à Brunissard où Barguil attaque. Le breton déborde tous les membres de l'échappée matinale, Atapuma en dernier, et remporte l'étape au sommet de l'Izoard. Derrière Bardet n'arrive pas à distancer Froome et doit se contenter des bonifications attribuées au troisième de l'étape. Barguil établit une nouvelle meilleure performance sur l'ascension de l'Izoard en 29min56s depuis l'église d'Arvieux et en 38min14s sur la totalité de l'ascension depuis l'intersection avec la route D947. Lors du Tour 2011, Andy Schleck avait gravi la totalité de l'Izoard en 40min40s et en 31min03s depuis Arvieux. La position du col dans l'étape a influencé les temps d'ascension. C'est la première fois que l'arrivée d'une étape se situe au sommet. En 2011, Andy Schleck devait gravir la Galibier par la suite. Le vent influence aussi les temps d'ascension. En effet, la route est rectiligne avant Brunissard, il n'y a presque plus de végétation à proximité du sommet et le vent est toujours plus fort en altitude. Par exemple lors du Tour 2000, le fort vent de face avait ralenti le peloton. Entre Arvieux et Brunissard, le peloton avait gravi cette portion en 12min27s contre 10min14s cette année. Barguil a développé l'équivalent de 409 watts étalon (5,97 w/kg si 62 kg) depuis Arvieux. Bardet et Froome se contentent de 403 watts étalon. Sur la portion la plus raide entre Brunissard et la casse déserte, Barguil développe l'équivalent de 427 watts étalon (6,25 w/kg si 62 kg) pendant 13min17s. Pour un col de haute montagne, Barguil a réalisé une performance équivalente à ce que peuvent faire les meilleurs coureurs depuis 2012.
Afin d'évaluer les performances de Barguil sur le Galibier et l'Izoard, voici d'autres ascensions en haute altitude lors de compétitions récentes :
Bilan des performances
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Comme au Tour d'Italie, le Tour de France a été marqué par le niveau très proche en montagne des premiers du classement général (Froome, Uran, Bardet, Landa). Porte et Valverde ont été éliminés sur chute alors qu'ils étaient les plus performants en montagne en début de saison. Froome reste performant en montagne mais ne peut plus accélérer et distancer ses adversaires comme en 2013 ou 2015. En revanche, il peut toujours compter sur le niveau exceptionnel de son équipe Sky.
Le parcours influence la moyenne. Cette année, il n'y avait que deux véritables arrivées en altitude de plus de 20 minutes, à Peyragudes avec la montée de Peyresourde et au sommet de l'Izoard. L'altitude élevée du Galibier et de l'Izoard réduit aussi les puissances développées. Les incertitudes d'estimations sont également plus élevées cette année, notamment à cause du vent et des cols avec peu de végétation comme Peyresourde et le Galibier. Le Tour 2017 apparait donc dans l'ensemble moins propice aux analyses de puissance que le Tour 2016.
Il subsiste néanmoins des performances de haut niveau, sans être « surhumaines » : la montée de la Planche des Belles filles par Aru, l'enchaînement de cols Latrape, Agnès, Peguère par Contador et Landa, la montée rapide de Peyra Taillade par Froome, le bas de la Croix de Fer par Contador et l'ascension de l'Izoard par Barguil.
Profils de puissance :
Romain Bardet :
Encore un très bon Tour de France pour Romain Bardet avec un podium. Le profil de puissance de ses 4 Tour de France (2014 à 2017) montre qu'il n'aurait pas renouvelé cette année un bloc de presque 30 min à 6,4 w/kg comme au Bettex en 2016.
Chris Froome :
L'Anglais vainqueur pour la quatrième fois de Tour de France ne remporte aucune étape. Son profil de puissance montre qu'il n'a pas cette année reproduit d'exploit athlétique en montagne comme les années précédentes (Ax les Thermes et Mont Ventoux en 2013, Pierre St Martin en 2015 surtout pour l'écart creusé sur ses rivaux)). Il a tout de même fait de bonnes montées à la Planche des Belles Filles, à Peya Taillade et sur l'Izoard.
Warren Barguil :
Warren Barguil vient de réaliser son meilleur Tour de France en terminant 10ème. Il remporte aussi deux victoires d'étapes et le maillot de meilleur grimpeur. Le profil de puissance montre que ses performances du Tour de France 2017 restent dans la même plage que ce qu'il a réalisé les années précédentes depuis 2014. La montée du col d'Izoard (6.0 w/kg si 60.5 kg pendant 29min56s) semble être sa meilleure performance car réalisée à altitude moyenne de 1950m et en fin de grand Tour. Il est probable qu'il puisse faire mieux pour un effort de 30 minutes sur un col d'altitude plus modeste et se rapprocher du niveau de Thibaut Pinot.
Incertitudes des estimations de puissance (explications ici) :
- Planche des Belles Filles : 3%
- Relais du Chat : 2,5%
- Peyresourde : 5%
- Peguère : 4%
- Peyra Taillade : 4%
- Galibier : 5%
- Izoard : 4%
A propos des générateurs de Vortex
L'équipe Sky a utilisé des combinaisons équipées de générateurs de Vortex pour les épreuves de contre-la-montre. Le contexte et les commentaires de spécialistes sont résumés dans cet article de l'Usine Nouvelle. Le gain serait de 18 à 24s sur les 14 km du contre-la-montre de Dusseldorf.
Fred Grappe, responsable de la performance de l'équipe FDJ, mentionné dans l'article, s'appuie entre autre sur une étude d'aérodynamisme menée par une équipe canadienne : « The Use of Vortex Generators to Reduce the Aerodynamic Drag of Athletic Apparel » http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1877705816306300.
Quand on lit le détail de cette publication faite sur des coureurs à pied équipés de textiles comportant des générateurs de Vortex, on retrouve comme principal résultat une réduction de la force aérodynamique comprise entre 3,7% à 6,8% ce qui se traduirait effectivement par un gain de 18 à 24s sur une épreuve de la durée de Dusseldorf. Cependant quand on examine le classement de ce contre-la-montre, on retrouve en réalité la hiérarchie habituelle. Le récent champion de France Pierre Latour aurait devancé Chris Froome en étant équipé du même textile, ce qui n'est pas cohérent. De plus, Chris Froome fut très performant sur les parties plates lors du contre-la-montre de Marseille sans pour autant porter de textile avec générateur de vortex. Il fit jeu égal avec son coéquipier Kwiatkowski, porteur d'une combinaison avec générateurs de vortex.
En conclusion, il y a tout lieu de penser que l'on ne puisse pas transposer les résultats d'une étude, certes sérieuse mais « académique » et dans un environnement bien maîtrisé en soufflerie, vers les conditions réelles d'un contre-la-montre. Un gain doit exister en situation réelle mais inférieur à ce qu'annoncent les spécialistes.
Frédéric Portoleau
La montée de la Planche des Belles Filles dans les Vosges a été le théâtre de la première explication entre leaders sur terrain montagneux. Fabio Aru remporte l'étape grâce à un impressionnant démarrage à proximité de l'arrivée. Il développe l'équivalent de 485 watts étalon pendant 6min13s (presque 7 w/kg si 66 kg). Avec un temps de 16min11s sur l'ensemble de la montée, il bat le record de Chris Froome de 12s qui datait du Tour 2012. Son niveau de puissance étalon se situe à 463 watts (6,65 w/kg si 66 kg). Pour cette durée d'effort, il s'agit d'une valeur élevée pour la période actuelle du cyclisme. Contador, Froome et Valverde ont déjà réalisé de telles performances. Chris Horner, dans la forme de sa vie à 42 ans, a fait mieux sur la Vuelta 2013: 480 watts étalon à Pena Cabarga pendant 16min44s. Plus loin dans le temps, j'ai estimé la puissance d'un certain Marco Pantani à 490 watts étalon pendant 15min21s à Madonna di Campiglio au Giro 1999.
Quelques jours plus tard, les coureurs devaient affronter la terrifiante étape de Chambéry avec trois cols hors catégorie comportants de forts pourcentages comme souvent au Tour d'Italie ou au Tour d'Espagne. Le col de la Biche est gravi sur un « tempo » relativement lent avec l'équipe Sky en tête à 349 watts étalon (5 à 5,1 w/kg) puis l'équipe AG2R accélère dans la descente et dans le col du Grand Colombier. Cette fois-ci, le rythme apparait beaucoup plus intense à 388 watts étalon (5,6 à 5,7 w/kg) pour le groupe des favoris composé de 20 coureurs seulement au sommet. En fin d'étape, les coureurs gravissent le relais du Chat (8,8 km à 10%). Après un début d'ascension à 386 watts étalon pendant 19 min, la course entre les favoris du Tour s'intensifie à proximité du sommet avec 429 watts étalon pour les plus forts pendant 11min42s. Sur l'ensemble du col, Froome, Bardet, Porte, Aru, Fuglsang sont à 414 watts étalon (de 5,9 à 6 w/kg). Le Relais du Chat avait été gravi beaucoup plus vite au Dauphiné lors d'une étape au profil moins montagneux. Aru escalada le col en 29min10s, soit 1min32s de moins que Froome sur cette étape de Chambéry.
Entre temps, Lilian Calmejane remporte l'étape des Rousses en solitaire après une belle montée vers les Molunes à 403 watts étalon (5,8 w/kg si 69 kg).
La grande étape des Pyrénées se terminait sur la piste de l'altiport de Peyragudes. Le peloton escalade le col de Menté par son versant Est à un rythme de 374 watts étalon (5,4 à 5,5 w/kg). Puis, l'équipe Sky sous la conduite de l'ancien champion du monde Michal Kwiatkowski hausse le rythme lors de l'ascension du Port de Balès. La puissance étalon pour un coureur au milieu du peloton se situe à 399 watts (5,7 à 5,8 w/kg), ce qui est rapide pour un col en cours d'étape. Le Polonais poursuit son effort en tête du peloton des favoris sur la première partie du col de Peyresourde. L'effort devient très intense avec 421 watts étalon (de 6,1 à 6,15w/kg) pendant 12min36s. Sur la fin du col, Nieve prend le relais mais le rythme baisse avec 396 watts étalon (de 5,7 à 5,8w/kg) pour les favoris du Tour. Le vent de dos a permis aux meilleurs coureurs du Tour de France de rouler vite sur cette ascension et de gravir les 9,8 km de montée en 26min42s, comme Contador et Rasmussen en 2007. Romain Bardet se révèle le plus fort sur la dernière côte et remporte l'étape.
La courte étape de Foix de 100 km le lendemain a vu l'attaque de Contador accompagné par Landa lors de l'ascension de Col d'Agnes. L'Espagnol établit une nouvelle meilleure performance en 28min45s depuis la sortie d'Aulus. Cela représente une puissance étalon de 419 watts (6,1 w/kg si 62 kg) pour l'Espagnol. C'est une grande performance pour un col en cours d'étape même si l'étape était courte.
Uran, Bardet, Aru et Froome apparaissent les plus forts lors de la dernière ascension du jour, le col de Peguère. Ils développent l'équivalent de 420 watts étalon (de 6 à 6,1w/kg) pendant 26min46s. Sur la portion la plus pentue en fin de col (3,6 km à 11,96%), les leaders développent l'équivalent de 436 watts étalon (de 6,25 à 6,3w/kg) pendant 13min50s.
Le Tour de France traverse le massif central lors de l'étape Laissac-Le Puy. L'équipe AG2R tente un coup de force peu avant le pied du col de Peyra Taillade. Froome, victime d'une crevaison, débute l'ascension avec 40s de retard sur les autres favoris du Tour. Avec l'aide de Nieve puis de Landa, Froome reprend sa place dans le groupe des leaders peu avant le sommet. Il développe l'équivalent de 435 watts étalon (6,25 w/kg si 67 kg) pendant 22min06s.
Un grand classique a été proposé lors de la première étape des Alpes avec l'enchainement Croix de Fer/ Galibier et une arrivée à Serre Chevalier. Contador dynamise la course dans le col de la Croix de Fer. Il développe l'équivalent de 459 watts étalon (6,7 w/kg si 62 kg) pendant 15min43s sur la portion en pente forte avant le Rivier d'Allemont. Derrière, l'équipe Sky contrôle la course et cherche à ne pas trop perdre de temps sur Contador. Kyrienka assure le rythme en tête du peloton des favoris à 418 watts étalon (6 w/kg) sur la première partie du col puis à 387 watts (5,6 w/kg) sur la portion raide avant le barrage de Grand Maison. Le rouleur Bielorusse va être relayé pour l'équipe Sky par Michal Kwiatkowski. Le Polonais impose en tête du peloton sur le col du Télégraphe un rythme à 389 watts étalon (de 5,6 à 5,7 w/kg pour les leaders). Infatigable, il poursuit sa tâche sur le bas du Galibier à 366 watts étalon (5,3 w/kg pour les leaders). Daniel Martin attaque peu après Plan Lachat mais il n'arrive pas à creuser d'écart. Romain Bardet place 3 démarrages, Froome répond à chaque fois. La dernière partie du Galibier est gravi à un ryhme moyen de 390 watts étalon (5,7 w/kg) par Barguil, Bardet, Uran et Froome. Sur l'ensemble du Galibier, Barguil en 49min16s ne concède que 56s à la performance de Pantani qui date de 1998. Le vent était favorable cette année, surtout sur la partie basse avant Plan Lachat, et le rythme de course était relativement lent dans cette portion en 1998 (train de l'équipe Telekom) avant l'attaque de Pantani. Sur la dernière portion depuis Plan Lachat, Barguil concède 1min18s à Pantani.
Primoz Roglic, membre de l'échappée matinale, remporte l'étape après une remarquable ascension du Galibier : 51min20s sur un rythme de 367 watts étalon (5,3 w/kg si 65 kg).
Pour la dernière étape de montagne, les coureurs devaient franchir les célèbres cols des Alpes du sud, Vars et Izoard. L'équipe AG2R hausse le rythme sur la fin de la montée du col de Vars : 17min à 383 watts étalon (de 5,5 w/kg à 5,6 w/kg). Les équipiers de Romain Bardet continuent de mener la chasse dans la vallée du Guil en direction de l'Izoard puis jusqu'à Brunissard où Barguil attaque. Le breton déborde tous les membres de l'échappée matinale, Atapuma en dernier, et remporte l'étape au sommet de l'Izoard. Derrière Bardet n'arrive pas à distancer Froome et doit se contenter des bonifications attribuées au troisième de l'étape. Barguil établit une nouvelle meilleure performance sur l'ascension de l'Izoard en 29min56s depuis l'église d'Arvieux et en 38min14s sur la totalité de l'ascension depuis l'intersection avec la route D947. Lors du Tour 2011, Andy Schleck avait gravi la totalité de l'Izoard en 40min40s et en 31min03s depuis Arvieux. La position du col dans l'étape a influencé les temps d'ascension. C'est la première fois que l'arrivée d'une étape se situe au sommet. En 2011, Andy Schleck devait gravir la Galibier par la suite. Le vent influence aussi les temps d'ascension. En effet, la route est rectiligne avant Brunissard, il n'y a presque plus de végétation à proximité du sommet et le vent est toujours plus fort en altitude. Par exemple lors du Tour 2000, le fort vent de face avait ralenti le peloton. Entre Arvieux et Brunissard, le peloton avait gravi cette portion en 12min27s contre 10min14s cette année. Barguil a développé l'équivalent de 409 watts étalon (5,97 w/kg si 62 kg) depuis Arvieux. Bardet et Froome se contentent de 403 watts étalon. Sur la portion la plus raide entre Brunissard et la casse déserte, Barguil développe l'équivalent de 427 watts étalon (6,25 w/kg si 62 kg) pendant 13min17s. Pour un col de haute montagne, Barguil a réalisé une performance équivalente à ce que peuvent faire les meilleurs coureurs depuis 2012.
Afin d'évaluer les performances de Barguil sur le Galibier et l'Izoard, voici d'autres ascensions en haute altitude lors de compétitions récentes :
Bilan des performances
Comme au Tour d'Italie, le Tour de France a été marqué par le niveau très proche en montagne des premiers du classement général (Froome, Uran, Bardet, Landa). Porte et Valverde ont été éliminés sur chute alors qu'ils étaient les plus performants en montagne en début de saison. Froome reste performant en montagne mais ne peut plus accélérer et distancer ses adversaires comme en 2013 ou 2015. En revanche, il peut toujours compter sur le niveau exceptionnel de son équipe Sky.
Le parcours influence la moyenne. Cette année, il n'y avait que deux véritables arrivées en altitude de plus de 20 minutes, à Peyragudes avec la montée de Peyresourde et au sommet de l'Izoard. L'altitude élevée du Galibier et de l'Izoard réduit aussi les puissances développées. Les incertitudes d'estimations sont également plus élevées cette année, notamment à cause du vent et des cols avec peu de végétation comme Peyresourde et le Galibier. Le Tour 2017 apparait donc dans l'ensemble moins propice aux analyses de puissance que le Tour 2016.
Il subsiste néanmoins des performances de haut niveau, sans être « surhumaines » : la montée de la Planche des Belles filles par Aru, l'enchaînement de cols Latrape, Agnès, Peguère par Contador et Landa, la montée rapide de Peyra Taillade par Froome, le bas de la Croix de Fer par Contador et l'ascension de l'Izoard par Barguil.
Profils de puissance :
Romain Bardet :
Encore un très bon Tour de France pour Romain Bardet avec un podium. Le profil de puissance de ses 4 Tour de France (2014 à 2017) montre qu'il n'aurait pas renouvelé cette année un bloc de presque 30 min à 6,4 w/kg comme au Bettex en 2016.
Chris Froome :
L'Anglais vainqueur pour la quatrième fois de Tour de France ne remporte aucune étape. Son profil de puissance montre qu'il n'a pas cette année reproduit d'exploit athlétique en montagne comme les années précédentes (Ax les Thermes et Mont Ventoux en 2013, Pierre St Martin en 2015 surtout pour l'écart creusé sur ses rivaux)). Il a tout de même fait de bonnes montées à la Planche des Belles Filles, à Peya Taillade et sur l'Izoard.
Warren Barguil :
Warren Barguil vient de réaliser son meilleur Tour de France en terminant 10ème. Il remporte aussi deux victoires d'étapes et le maillot de meilleur grimpeur. Le profil de puissance montre que ses performances du Tour de France 2017 restent dans la même plage que ce qu'il a réalisé les années précédentes depuis 2014. La montée du col d'Izoard (6.0 w/kg si 60.5 kg pendant 29min56s) semble être sa meilleure performance car réalisée à altitude moyenne de 1950m et en fin de grand Tour. Il est probable qu'il puisse faire mieux pour un effort de 30 minutes sur un col d'altitude plus modeste et se rapprocher du niveau de Thibaut Pinot.
Incertitudes des estimations de puissance (explications ici) :
- Planche des Belles Filles : 3%
- Relais du Chat : 2,5%
- Peyresourde : 5%
- Peguère : 4%
- Peyra Taillade : 4%
- Galibier : 5%
- Izoard : 4%
A propos des générateurs de Vortex
L'équipe Sky a utilisé des combinaisons équipées de générateurs de Vortex pour les épreuves de contre-la-montre. Le contexte et les commentaires de spécialistes sont résumés dans cet article de l'Usine Nouvelle. Le gain serait de 18 à 24s sur les 14 km du contre-la-montre de Dusseldorf.
Fred Grappe, responsable de la performance de l'équipe FDJ, mentionné dans l'article, s'appuie entre autre sur une étude d'aérodynamisme menée par une équipe canadienne : « The Use of Vortex Generators to Reduce the Aerodynamic Drag of Athletic Apparel » http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1877705816306300.
Quand on lit le détail de cette publication faite sur des coureurs à pied équipés de textiles comportant des générateurs de Vortex, on retrouve comme principal résultat une réduction de la force aérodynamique comprise entre 3,7% à 6,8% ce qui se traduirait effectivement par un gain de 18 à 24s sur une épreuve de la durée de Dusseldorf. Cependant quand on examine le classement de ce contre-la-montre, on retrouve en réalité la hiérarchie habituelle. Le récent champion de France Pierre Latour aurait devancé Chris Froome en étant équipé du même textile, ce qui n'est pas cohérent. De plus, Chris Froome fut très performant sur les parties plates lors du contre-la-montre de Marseille sans pour autant porter de textile avec générateur de vortex. Il fit jeu égal avec son coéquipier Kwiatkowski, porteur d'une combinaison avec générateurs de vortex.
En conclusion, il y a tout lieu de penser que l'on ne puisse pas transposer les résultats d'une étude, certes sérieuse mais « académique » et dans un environnement bien maîtrisé en soufflerie, vers les conditions réelles d'un contre-la-montre. Un gain doit exister en situation réelle mais inférieur à ce qu'annoncent les spécialistes.
Frédéric Portoleau