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Pogacar à Tirreno-Adriatico 2021, une performance inédite pour un mois de mars, par Frédéric Portoleau
2021-03-22, 21:16 - Frédéric Portoleau
Après l'UAE Tour en février, Tadej Pogacar ajoute Tirreno-Adriatico à son palmarès. Le jeune Slovène de 22 ans débute la saison 2021 en fanfare.
Pogacar a creusé des écarts importants sur ses rivaux lors de la 5ème étape, l'étape des murs, en finissant 2ème derrière Mathieu van der Poel. Le dernier jour il réalise aussi un grand contre-la-montre (4ème à 12s de Van Aert) sur le parcours tout plat de San Benedetto del Tronto. Mais c'est en montagne lors de la 4ème étape qu'il a pris la tête du classement général.
Au pied de l'ascension finale vers Prati di Tivo, l'équipe Ineos prend la course en main avec en particulier son rouleur Filippo Ganna. L'Italien effectue un impressionnant relais : sur la première portion de 4,57 km à 7,07% de pente moyenne, il roule la plupart du temps en tête à 24,85 km/h de moyenne. Sa puissance réelle estimée est de 531 watts (si 82 kg) sur cette portion de 11min02s.
Egan Bernal, premier leader à tenter sa chance, démarre à 8,5 km du sommet. Mais Pogacar réagit tout de suite et rejoint le Colombien. Derrière, le leader du classement général Wout Van Aert contrôle et ramène les autres favoris dans la roue des 2 attaquants. Geraint Thomas attaque à son tour, personne ne suit le mouvement. Van Aert mène la poursuite en tête d'un petit peloton de 14 coureurs, les résistants du rythme très rapide imposé par l'équipe Ineos dès le pied de l'ascension. Bardet et Alaphilippe sont encore présents dans ce groupe. Les favoris de Tirreno viennent d'escalader les 7,8 premiers kilomètres en 19m20s. Il faut développer l'équivalent de 437 watts étalon rien que pour suivre ce rythme. C'est par ailleurs 39s de moins qu'en 2013 lors de la victoire de Chris Froome.
Pogacar attaque dans la traversée du village de Pietracamela, à 6km de l'arrivée, et part seul. Il revient sur Thomas et le distance assez rapidement. Comme sur le col de Peyresourde sur le Tour de France 2020, on assiste à un cavalier seul de Pogacar. Le slovène grimpe la dernière partie de l'ascension (5,9 km à 7,06%) à 24,26 km/h, soit 457 watts étalon et 6,6 w/kg si 65 kg. Pogacar est tout de même menacé par Simon Yates qui effectue lui aussi une fin de montée sensationnelle et termine à 6s seulement au sommet.
L'ensemble de la montée (14,6 km à 7,05%) a été gravi en 36m06s par Tadej Pogacar. C'est 2m16s de mieux que Chris Froome en 2013. Le Slovène a développé l'équivalent de 444 watts étalon, soit 6,4 w/kg si 65 kg. En tenant compte des incertitudes de calcul, c'est au moins du 430 watts étalon (plus de 6,2 w/kg pour un coureur de 65 kg). Je n'ai jamais relevé depuis 30 ans une telle performance au mois de mars. À la fin des années 90, les grimpeurs pouvaient développer plus de puissance étalon que Pogacar mais uniquement lors des grands Tours de mai à septembre (les pics de forme étaient très marqués).
Simon Yates et Wout Van Aert sont les 2 autres coureurs qui ont marqué cette étape de montagne. Yates termine à seulement 6s de Pogacar, soit 436 watts étalon. Van Aert concède 45s mais a mené pendant 55% du temps, d'où une puissance étalon estimée identique à celle de Simon Yates. En puissance réelle, Van Aert aurait développé 475 watts (si 78 kg) pendant 36min51s. J'avais estimé une puissance réelle similaire sur la montée du plateau des Glières sur le Tour de France 2020 mais pendant 21min50s.
Le niveau d'ensemble apparaît très élevé puisque 17 coureurs ont gravi cette montée plus rapidement que Chris Froome en 2013. Bernal et Thomas, les principaux attaquants du jour, ont perdu 58s sur Pogacar. Ils réalisent de bonnes montées en réalité (426 watts étalon) par rapport à leurs performances détectées pendant leurs carrières respectives. La performance de Bernal serait similaire à celle qu'il a réalisée sur le Mont Ventoux en février au Tour de Provence.
Romain Bardet est en très bonne condition par rapport à ce qu'il réalisait lors de ses meilleures années (2016-2017) quand il rivalisait avec Froome en montagne sur le Tour de France. Mais le niveau d'ensemble est plus élevé en 2021. Il perd 1min17s sur Pogacar, soit 420 watts étalon (6,05 w/kg si 65 kg).
Julian Alaphilippe concède 1min44s, cela correspond à une puissance de 414 watts étalon (6 w/kg si 62 kg). C'est pour lui une très bonne performance sur un long col juste après sa montée du Tourmalet sur le Tour de France 2019.
Frédéric Portoleau
Complément sur les conditions de course : La station météo, située à proximité de l'arrivée, indiquait une vitesse de vent de 15 km/h de direction Sud-Sud Est, soit presque de face pour les coureurs dans la dernière partie de la montée. Cependant, 80% de la montée de Prati di Tivo se déroule en forêt, ce qui diminue l'impact du vent. En complément d'information, la courbe de puissance de Simon Carr, mise en ligne sur Stava, a été analysée. Sur 3 portions différentes, le modèle de calcul correspond à la valeur du capteur, cela montrerait que le vent n'a pas trop impacté le déroulement de la course.
Pogacar a creusé des écarts importants sur ses rivaux lors de la 5ème étape, l'étape des murs, en finissant 2ème derrière Mathieu van der Poel. Le dernier jour il réalise aussi un grand contre-la-montre (4ème à 12s de Van Aert) sur le parcours tout plat de San Benedetto del Tronto. Mais c'est en montagne lors de la 4ème étape qu'il a pris la tête du classement général.
Au pied de l'ascension finale vers Prati di Tivo, l'équipe Ineos prend la course en main avec en particulier son rouleur Filippo Ganna. L'Italien effectue un impressionnant relais : sur la première portion de 4,57 km à 7,07% de pente moyenne, il roule la plupart du temps en tête à 24,85 km/h de moyenne. Sa puissance réelle estimée est de 531 watts (si 82 kg) sur cette portion de 11min02s.
Egan Bernal, premier leader à tenter sa chance, démarre à 8,5 km du sommet. Mais Pogacar réagit tout de suite et rejoint le Colombien. Derrière, le leader du classement général Wout Van Aert contrôle et ramène les autres favoris dans la roue des 2 attaquants. Geraint Thomas attaque à son tour, personne ne suit le mouvement. Van Aert mène la poursuite en tête d'un petit peloton de 14 coureurs, les résistants du rythme très rapide imposé par l'équipe Ineos dès le pied de l'ascension. Bardet et Alaphilippe sont encore présents dans ce groupe. Les favoris de Tirreno viennent d'escalader les 7,8 premiers kilomètres en 19m20s. Il faut développer l'équivalent de 437 watts étalon rien que pour suivre ce rythme. C'est par ailleurs 39s de moins qu'en 2013 lors de la victoire de Chris Froome.
Pogacar attaque dans la traversée du village de Pietracamela, à 6km de l'arrivée, et part seul. Il revient sur Thomas et le distance assez rapidement. Comme sur le col de Peyresourde sur le Tour de France 2020, on assiste à un cavalier seul de Pogacar. Le slovène grimpe la dernière partie de l'ascension (5,9 km à 7,06%) à 24,26 km/h, soit 457 watts étalon et 6,6 w/kg si 65 kg. Pogacar est tout de même menacé par Simon Yates qui effectue lui aussi une fin de montée sensationnelle et termine à 6s seulement au sommet.
L'ensemble de la montée (14,6 km à 7,05%) a été gravi en 36m06s par Tadej Pogacar. C'est 2m16s de mieux que Chris Froome en 2013. Le Slovène a développé l'équivalent de 444 watts étalon, soit 6,4 w/kg si 65 kg. En tenant compte des incertitudes de calcul, c'est au moins du 430 watts étalon (plus de 6,2 w/kg pour un coureur de 65 kg). Je n'ai jamais relevé depuis 30 ans une telle performance au mois de mars. À la fin des années 90, les grimpeurs pouvaient développer plus de puissance étalon que Pogacar mais uniquement lors des grands Tours de mai à septembre (les pics de forme étaient très marqués).
Simon Yates et Wout Van Aert sont les 2 autres coureurs qui ont marqué cette étape de montagne. Yates termine à seulement 6s de Pogacar, soit 436 watts étalon. Van Aert concède 45s mais a mené pendant 55% du temps, d'où une puissance étalon estimée identique à celle de Simon Yates. En puissance réelle, Van Aert aurait développé 475 watts (si 78 kg) pendant 36min51s. J'avais estimé une puissance réelle similaire sur la montée du plateau des Glières sur le Tour de France 2020 mais pendant 21min50s.
Le niveau d'ensemble apparaît très élevé puisque 17 coureurs ont gravi cette montée plus rapidement que Chris Froome en 2013. Bernal et Thomas, les principaux attaquants du jour, ont perdu 58s sur Pogacar. Ils réalisent de bonnes montées en réalité (426 watts étalon) par rapport à leurs performances détectées pendant leurs carrières respectives. La performance de Bernal serait similaire à celle qu'il a réalisée sur le Mont Ventoux en février au Tour de Provence.
Romain Bardet est en très bonne condition par rapport à ce qu'il réalisait lors de ses meilleures années (2016-2017) quand il rivalisait avec Froome en montagne sur le Tour de France. Mais le niveau d'ensemble est plus élevé en 2021. Il perd 1min17s sur Pogacar, soit 420 watts étalon (6,05 w/kg si 65 kg).
Julian Alaphilippe concède 1min44s, cela correspond à une puissance de 414 watts étalon (6 w/kg si 62 kg). C'est pour lui une très bonne performance sur un long col juste après sa montée du Tourmalet sur le Tour de France 2019.
Frédéric Portoleau
Complément sur les conditions de course : La station météo, située à proximité de l'arrivée, indiquait une vitesse de vent de 15 km/h de direction Sud-Sud Est, soit presque de face pour les coureurs dans la dernière partie de la montée. Cependant, 80% de la montée de Prati di Tivo se déroule en forêt, ce qui diminue l'impact du vent. En complément d'information, la courbe de puissance de Simon Carr, mise en ligne sur Stava, a été analysée. Sur 3 portions différentes, le modèle de calcul correspond à la valeur du capteur, cela montrerait que le vent n'a pas trop impacté le déroulement de la course.