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[TdF21#15] De l'hémoglobine de synthèse dans le peloton du tour du renouveau 2021 ?
12-07-2021, 19:42 - Antoine Vayer et Marc Kluszczynski
En 1998, au Tour de France, 99% du peloton utilise l'EPO, entre autres produits, du nom de ce dopant si efficace pour fournir de l'oxygène aux muscles, carburant privilégié de ceux-ci. Cette EPO est alors complètement indétectable aux contrôles, comme le sont en 2021 les nouvelles hémoglobines ; les perfluocarbones sont enfin au point. Ce serait le nouveau produit magique qui expliquerait bien des performances. L'EPO a commencé à circuler dès 1991, au début sous le manteau, pour un usage ensuite généralisé quand le cyclisme était un hôpital ambulant. Disons que pour les nouvelles hémoglobines, nous sommes comme en 1991, trente ans en arrière avec un nouveau « truc » miraculeux pour la performance. Ce truc « passe » aussi au travers de tous les contrôles, qu'ils soient urinaires, sanguins ou ceux du fumeux « passeport biologique ». Il est totalement indétectable aux contrôles antidopage officiels.
En 1999, beaucoup de coureurs ne viennent pas sur « la grande boucle », apeurés par la police intervenue l'année précédente. Ils essaient de ne plus se doper, ou moins, ou bien avec du dopage classique, comme les corticoïdes. C'est dur quand le sang est moins oxygéné. Ils sont rincés assez vite, surpris d'être si fatigués et de ne pas récupérer, de payer chaque effort. Armstrong est là, opportuniste. Il a compris. Il se dope comme jamais, lui. Il subira plus de 500 contrôles tout au long de sa carrière. Il gagne le Tour sept fois d'affilée. Aucun contrôle ne sera positif. C'est l'argument qu'il utilise toute sa carrière quand il est questionné. C'est celui de « l'homme le plus contrôlé au monde, plusieurs fois par jour». C'est le même qu'utilise Pogacar en conférence de presse en 2021.
A la 8ème étape, Armstrong assomme le Tour au contre-la-montre de Metz et le lendemain dans la montée du Col de Sestrières en créant des écarts abyssaux. Dès lors, il n'a plus qu'à gérer en douceur une adversité atomisée qui ne se battra entre elle que pour les places sur le podium et pas contre le nouveau prodige américain à la pointe des gènes, du matériel et de la science. Il n'aura même pas à dépasser notre seuil suspect en Watts, 410, dans la moyenne des quatre radars de Sestrières-Alpe Huez-Piau Engaly-Soulor : 406 watts étalon pour des montées en moyenne d'environ 31 minutes en 1999. C'est le « tour du renouveau ».
Alex Zülle finira 2ème à 7 minutes et 37 secondes, Fernando Escartin 3ème à 10minutes et 26 secondes à Paris, Richard Virenque est 8ème à plus de 17 minutes...
En 2021, au Tour de France, 90% du peloton semble jouer le jeu et essayer de ne pas ou de ne plus se doper ni tricher, même si les corticoïdes ou autres produits aident à « tenir le coup » et à faire quelques différences, ou simplement à suivre. Les coureurs ont quasiment tous des entraîneurs qui ne sont pas docteurs, à part le coach de Pogacar. La vitesse moyenne du Tour actuel, 41.71 km/h, est en passe de devenir la deuxième de tous les temps.
Dès le drapeau baissé, c'est la guerre pour faire partie de l'échappée, l'étape la plus longue de 250 kms s'est courue à 45,5 km/h. Certains coureurs ne s'en sont toujours pas remis. Ajoutez à cela trois jours de pluie, le peloton est rincé. Sauf un coureur, c'est flagrant, le maillot jaune, et quelques autres participants, ponctuellement. Le Slovène est imperméable aux stigmates de fatigue et à la pluie. Il n'a plus qu'à manoeuvrer comme Armstrong en 1999. C'est peu ou prou le même scénario.
A la 5ème étape, Il a assommé le Tour au contre-la-montre de Laval et trois jours après dans notre radar, l'enchaînement des cols de Romme de la Colombière. Dès lors, il n'a plus qu'à "gérer en douceur une adversité atomisée qui ne se bat entre elle que pour les places sur le podium" et pas contre le nouveau prodige Slovène à la pointe, lui aussi, des gènes, du matériel et de la science selon la même nomenklatura qu'en 1999.
Tout juste devrait-il dépasser notre seuil suspect de dopage avéré des 410 Watts dans la moyenne des six radars de cette édition, alors que potentiellement, il aurait pu facilement dépasser les 430 watts, 10 watts de plus que l'an passé. Il est pourtant 10% plus puissant en watts que ses adversaires qui ont perdu 5% de leur potentiel habituel, à cause de la dureté de l'épreuve peut-être. Pogacar se plaindrait presque du manque d'efficacité de l'adversité. Dans la montée de Tignes, il a accéléré seulement 10 minutes avec 428 watts étalon pour distancer tous ses suivants, comparés à des cadets. Pourtant, c'est le haut du panier mondial. Même les Ineos, sans doute fatigués, eux aussi, réagissent comme des athlètes « normaux », assez loin de leurs canons habituels. Ne parlons pas de coureurs comme Guillaume Martin qui paient cash leurs efforts le lendemain de leurs échappées. Même Alaphilippe nous décevrait presque, tant il est en deçà de ses performances flamboyantes. Il fatigue, lui aussi dès qu'il dépasse les 6 watts/kilos à la fin des étapes dures. C'est sympa d'avoir l'impression de voir du « vrai vélo » de temps en temps et des coureurs défaillir.
Carapaz, Vingegaard, Uran et Mas sont à plus de 5 minutes au classement général avant la dernière semaine et surtout tous à plus de 11 watts étalon en moyenne du leader. C'est énorme. C'est du jamais vu, depuis 1999, cette insolente domination. Hier, sur la montée de Beixalis, ils se sont pourtant violemment attaqués. Pogacar s'en est presque amusé. Comme à Tignes, il a sifflé la fin de la récréation sur le haut de l'ascension.
Hors classement général, certaines performances ponctuelles des athlètes de la Bahrain, de Jumbo Visma et de Papy Valverde hier, nous interpellent, bien sûr. Celles de Cavendish, à 36 ans, revenu de dépression, au sprint, sont trop belles pour être crédibles, mais cela, tout le monde le sait.
90% du peloton « semble » effectivement jouer le jeu. C'est à confirmer. C'est donc d'autant plus facile et voyant pour les 10% restants de tricher et de s'amuser. Avec quoi ? Je ne suis pas le seul à penser qu'il existe une corrélation étroite entre les performances trop élevées en watts, ponctuelles ou moyennes et l'usage de méthodes ou de substances consubstantielles à la pratique d'un certain cyclisme, à plusieurs vitesses.
Alors, pour finir de me convaincre, en dehors de radio peloton pour confirmer ses dires (parfois contradictoires et/ou teintées de mauvaise foi ou de jalousies), j'ai interviewé Marc Kluszczynski, rédacteur de la rubrique « sur le front du dopage » dans le magazine Sport et Vie depuis 2008. Il faut recouper les témoignages et les confirmer. Nous sommes tombés d'accord sur l'analyse des deux tiers de ce Tour de France et surtout sur l'efficacité des hémoglobines auxquelles certains pourraient avoir recours, en dehors des traditionnelles transfusions sanguines que ceux qui trichent seraient ballots de ne pas utiliser. Leur usage expliquerait certains phénomènes.
Antoine Vayer
En 1999, beaucoup de coureurs ne viennent pas sur « la grande boucle », apeurés par la police intervenue l'année précédente. Ils essaient de ne plus se doper, ou moins, ou bien avec du dopage classique, comme les corticoïdes. C'est dur quand le sang est moins oxygéné. Ils sont rincés assez vite, surpris d'être si fatigués et de ne pas récupérer, de payer chaque effort. Armstrong est là, opportuniste. Il a compris. Il se dope comme jamais, lui. Il subira plus de 500 contrôles tout au long de sa carrière. Il gagne le Tour sept fois d'affilée. Aucun contrôle ne sera positif. C'est l'argument qu'il utilise toute sa carrière quand il est questionné. C'est celui de « l'homme le plus contrôlé au monde, plusieurs fois par jour». C'est le même qu'utilise Pogacar en conférence de presse en 2021.
A la 8ème étape, Armstrong assomme le Tour au contre-la-montre de Metz et le lendemain dans la montée du Col de Sestrières en créant des écarts abyssaux. Dès lors, il n'a plus qu'à gérer en douceur une adversité atomisée qui ne se battra entre elle que pour les places sur le podium et pas contre le nouveau prodige américain à la pointe des gènes, du matériel et de la science. Il n'aura même pas à dépasser notre seuil suspect en Watts, 410, dans la moyenne des quatre radars de Sestrières-Alpe Huez-Piau Engaly-Soulor : 406 watts étalon pour des montées en moyenne d'environ 31 minutes en 1999. C'est le « tour du renouveau ».
Alex Zülle finira 2ème à 7 minutes et 37 secondes, Fernando Escartin 3ème à 10minutes et 26 secondes à Paris, Richard Virenque est 8ème à plus de 17 minutes...
En 2021, au Tour de France, 90% du peloton semble jouer le jeu et essayer de ne pas ou de ne plus se doper ni tricher, même si les corticoïdes ou autres produits aident à « tenir le coup » et à faire quelques différences, ou simplement à suivre. Les coureurs ont quasiment tous des entraîneurs qui ne sont pas docteurs, à part le coach de Pogacar. La vitesse moyenne du Tour actuel, 41.71 km/h, est en passe de devenir la deuxième de tous les temps.
Dès le drapeau baissé, c'est la guerre pour faire partie de l'échappée, l'étape la plus longue de 250 kms s'est courue à 45,5 km/h. Certains coureurs ne s'en sont toujours pas remis. Ajoutez à cela trois jours de pluie, le peloton est rincé. Sauf un coureur, c'est flagrant, le maillot jaune, et quelques autres participants, ponctuellement. Le Slovène est imperméable aux stigmates de fatigue et à la pluie. Il n'a plus qu'à manoeuvrer comme Armstrong en 1999. C'est peu ou prou le même scénario.
A la 5ème étape, Il a assommé le Tour au contre-la-montre de Laval et trois jours après dans notre radar, l'enchaînement des cols de Romme de la Colombière. Dès lors, il n'a plus qu'à "gérer en douceur une adversité atomisée qui ne se bat entre elle que pour les places sur le podium" et pas contre le nouveau prodige Slovène à la pointe, lui aussi, des gènes, du matériel et de la science selon la même nomenklatura qu'en 1999.
Tout juste devrait-il dépasser notre seuil suspect de dopage avéré des 410 Watts dans la moyenne des six radars de cette édition, alors que potentiellement, il aurait pu facilement dépasser les 430 watts, 10 watts de plus que l'an passé. Il est pourtant 10% plus puissant en watts que ses adversaires qui ont perdu 5% de leur potentiel habituel, à cause de la dureté de l'épreuve peut-être. Pogacar se plaindrait presque du manque d'efficacité de l'adversité. Dans la montée de Tignes, il a accéléré seulement 10 minutes avec 428 watts étalon pour distancer tous ses suivants, comparés à des cadets. Pourtant, c'est le haut du panier mondial. Même les Ineos, sans doute fatigués, eux aussi, réagissent comme des athlètes « normaux », assez loin de leurs canons habituels. Ne parlons pas de coureurs comme Guillaume Martin qui paient cash leurs efforts le lendemain de leurs échappées. Même Alaphilippe nous décevrait presque, tant il est en deçà de ses performances flamboyantes. Il fatigue, lui aussi dès qu'il dépasse les 6 watts/kilos à la fin des étapes dures. C'est sympa d'avoir l'impression de voir du « vrai vélo » de temps en temps et des coureurs défaillir.
Carapaz, Vingegaard, Uran et Mas sont à plus de 5 minutes au classement général avant la dernière semaine et surtout tous à plus de 11 watts étalon en moyenne du leader. C'est énorme. C'est du jamais vu, depuis 1999, cette insolente domination. Hier, sur la montée de Beixalis, ils se sont pourtant violemment attaqués. Pogacar s'en est presque amusé. Comme à Tignes, il a sifflé la fin de la récréation sur le haut de l'ascension.
Hors classement général, certaines performances ponctuelles des athlètes de la Bahrain, de Jumbo Visma et de Papy Valverde hier, nous interpellent, bien sûr. Celles de Cavendish, à 36 ans, revenu de dépression, au sprint, sont trop belles pour être crédibles, mais cela, tout le monde le sait.
Tour du renouveau 2021
Sans ces performances et surtout sans Pogacar, on pourrait presque parler, effectivement, enfin, de Tour du renouveau. La double question qui m'est la plus souvent posée est la suivante : combien en pourcentage de coureurs tricheraient encore et existerait-il une nouvelle substance miracle autre que les traditionnelles ?90% du peloton « semble » effectivement jouer le jeu. C'est à confirmer. C'est donc d'autant plus facile et voyant pour les 10% restants de tricher et de s'amuser. Avec quoi ? Je ne suis pas le seul à penser qu'il existe une corrélation étroite entre les performances trop élevées en watts, ponctuelles ou moyennes et l'usage de méthodes ou de substances consubstantielles à la pratique d'un certain cyclisme, à plusieurs vitesses.
Alors, pour finir de me convaincre, en dehors de radio peloton pour confirmer ses dires (parfois contradictoires et/ou teintées de mauvaise foi ou de jalousies), j'ai interviewé Marc Kluszczynski, rédacteur de la rubrique « sur le front du dopage » dans le magazine Sport et Vie depuis 2008. Il faut recouper les témoignages et les confirmer. Nous sommes tombés d'accord sur l'analyse des deux tiers de ce Tour de France et surtout sur l'efficacité des hémoglobines auxquelles certains pourraient avoir recours, en dehors des traditionnelles transfusions sanguines que ceux qui trichent seraient ballots de ne pas utiliser. Leur usage expliquerait certains phénomènes.
C'est un drôle de Tour de France Marc ?
Marc Kluszczynski : « L'histoire se répète. Pas de doute, nous sommes revenus trente ans en arrière, aux années 90, quand l'EPO avait commencé à inonder le peloton. Cette année, on s'étonne de la domination outrancière du slovène Tadej Pogacar, de la réussite des Bahrain Victorious. Sonny Colbrelli, leur sprinteur italien, qui finit 3ème dans la 9ème de Tignes sous la pluie ! D'après Laurent Jalabert, l'explication est qu'il aime la pluie ! Quand, lors des retransmissions TV, les consultants se décideront-ils à injecter dans leurs commentaires un soupçon de vérité et de réalité ? Ils savent pourtant. Ils voient. Déjà au Tour d'Italie en mai, leur autre Slovène Jan Tratnik, spécialiste du contre-la-montre, bien en chair, a résisté au retour du peloton (il finira 2ème) dans la 14ème étape du Zoncolan. Il a hissé sa carcasse dans des pentes dont certaines portions avoisinaient les 27%. Puis Mark Padun, leur Ukrainien avec ses victoires dans les 7ème et 8ème étapes du Dauphiné Libéré en juin a encore alimenté la suspicion envers son équipe, dont le pays d'origine, le royaume de BAHREIN collectionne les cas positifs en athlétisme via ses athlètes naturalisés. On entend certains dire que Padun a franchi un cap cette année, tout comme le danois de la Jumbo-Visma, Jonas Vingegaard, qui s'est permis de tester Pogacar dans le Ventoux. En même temps, Ineos Grenadiers est un peu à la rue. Richie Porte, 3ème l'an dernier et vainqueur du Dauphiné Libéré est absent des débats. Idem pour Geraint Thomas, sûrement handicapé par sa luxation d'épaule lors de la chute durant la 3ème étape. Le patron d'Ineos, Jim Ratcliffe, avait prévenu : en cas de dopage sur Le Tour dans l'équipe, il retirerait immédiatement ses billes. Je veux bien croire que les chutes ont joué. Mais Ineos est bien là comme l'ensemble du peloton préparé comme jamais pour l'épreuve phare de la saison. Ils savent faire, mais ils sont ultra dominés ! ».Le dopage sanguin, c'est le plus pratique, toujours indétectable en 2021, c'est une vielle méthode ?
Marc Kluszczynski : « Oui, il s'agit d'apporter davantage d'oxygène aux muscles. Le plus facile, c'est d'augmenter le nombre de ses transporteurs, les globules rouges. C'était artificiellement avec de l'EPO dans les années 90. Cela constitue la clef des performances. Ce n'est pas nouveau. Raphaël Geminiani, auprès de Jacques Anquetil, s'était intéressé à l'ozone. Au soir de chaque étape du Tour 1967, le Dr Bidet lui injectait de l'ozone en solution. Voie sans issue et sans résultat autre que placebo. La meilleure piste était celle des transfusions sanguines, dont l'armée américaine avait commencé les recherches après la seconde Guerre Mondiale en 1945. Les physiologistes suédois Bengt Saltin et Björn Ekblom, surtout lui, l'ont importé dans le milieu des sports d'endurance à la fin des années 60. Si bien que dans les années 70, de nombreux cyclistes pro (dont des Français) les utilisent déjà. La méthode autologue, se réinjecter son propre sang conservé est COMPLETEMENT INDÉTECTABLE. Si on voulait, on pourrait sans doute trouver une méthode de détection fiable avec des moyens. On ne veut pas, malgré certaines recherches en Suéde et en Espagne. Cela existe à grande échelle depuis les Jeux Olympique de 1984. On est presque au cinquantenaire de son utilisation dans le sport ! Quand Merckx est arrivé, un médecin lui avait proposé des transfusions pour son record de l'heure en 1972. A-t-il accepté ou refusé ? L'icône belge ne pouvait pas ne pas être au courant de son usage par ses adversaires. Les transfusions sanguines sont restées d'usage répandu jusqu'à l'arrivée de l'EPO aux championnats du monde de ski nordique à Lahti en 1989, alors qu'elle avait été découverte en 1957, et isolée en 1972. L'histoire du dopage à l'EPO, puis de l'EPO combinée aux transfusions est marquée par les noms des Docteurs Michele Ferrari, Eufemiano Fuentes, et bien d'autres, et par ceux d'innombrables cyclistes : Joop Zoetemelk, Bjarne Riis, Lance Armstrong, Floyd Landis, Tyler Hamilton... Tous les plus grands ont trempé dans le système imposé, quelques-uns sont passés entre les gouttes : Cadel Evans, Joaquim Rodriguez. Le passeport sanguin a été adopté en 2008 par l'UCI pour mettre fin aux abus de certains ayant des constantes sanguines vraiment trop élevées. Il s'agissait de surveiller les fluctuations anormales des paramètres sanguins. Ce passeport a mis un peu d'ordre, certes, mais très vite, le peloton s'en est servi pour mieux se doper avec les microdoses d'EPO couplées à des mini-transfusions, faites en altitude ou pas. Le Passeport Biologique c'est la ligne Maginot de l'antidopage en cyclisme, c'en est presque comique »Il existe un nouveau graal dans le dopage sanguin apparemment selon radio-peloton ?
Marc Kluszczynski : « En effet, de nouvelles substances dopantes permettant d'agir directement sur l'oxygénation cellulaire sans modifier les paramètres du passeport. C'est le nec plus ultra. Elles sont apparues au grand jour aux mondiaux de ski nordique de Seefeld en 2019. L'histoire s'est répétée avec l'affaire Aderlass en 2019, dont le cerveau de la filière, le Dr Mark Schmidt, était médecin chez Gerolsteiner en 2008, cette équipe cycliste qui a défrayé un temps les chroniques comme Bahrain cette année. Ces substances sont des hémoglobines solubles, une poudre lyophilisée à mélanger avec du sérum physiologique à 0.9% à injecter. Mais en parallèle, tous les groupes pharmaceutiques du monde travaillent sur les hémoglobines synthétiques. Le but est de se passer en médecine des dons de sang avec du sang artificiel qui n'a pas besoin d'être dans les globules rouges mais dans le plasma. Même si on trouvait quelque chose aux contrôles, ce serait un produit inconnu. Les hémoglobines synthétiques et/ou solubles agissent encore mieux que les perfluorocarbones (PFC) en dissolvant l'oxygène dans le plasma, circuit séparé de celui des globules rouges, transporteur d'oxygène. Le passeport sanguin est berné. Certaines hémoglobines solubles sont issues de vers marins et sont particulièrement efficaces et atoxiques. Celle d'un laboratoire français transporte 40 fois plus d'oxygène que l'hémoglobine humaine tout en étant 250 fois plus petite qu'un globule rouge. Ce laboratoire français pionnier de la recherche dans les hémoglobines d'origine marine, s'est fait voler ses brevets par les géants de l'industrie pharmaceutique. Actuellement, d'autres types de ces hémoglobines circulent dans les sports d'endurance. Seule l'hémoglobine du laboratoire français serait détectable, mais pas longtemps : une microdose est détectable entre 4 et 24 h. Le labo français aurait donné des indices de reconnaissance à l'AFLD. C'est vers les nouvelles hémoglobines synthétiques qui existent qu'il faut porter son attention. Elles sont une bonne dizaine et enfin sûres : elles ne provoquent plus d'infarctus. Les PFC sont aussi moins dangereux. Mauro Gianetti, le manager chez UAE, les connaît : au Tour de Romandie 1998, le Suisse avait fait un petit séjour en réanimation suite à leur usage. Les risques d'insuffisance rénale et hépatique n'existent plus. On peut aussi imaginer que d'autres nouveaux agents stimulants de l'érythropoïèse (fabricant des globules rouges) soient aussi utilisés. Ils agissent par un mécanisme différent de celui de l'EPO. ACE 536, ACE-011 ont ainsi dépassé la phase II dès 2015, semble-t-il. L'ACE-011 est actuellement en essai de phase 2 de traitement de l'hypertension artérielle pulmonaire, avec comme effet indésirable constaté un augmentation du taux d'hémoglobine ! Le risque thrombo-embolique existe encore pour certaines de ces substances. Il faudra encore pédaler la nuit, cela se verra je suppose...Que choisir ?
Marc Kluszczynski : « On mise plutôt sur les nouvelles hémoglobines au point. JE LE REPÈTE. C'est miraculeux, sans risque, atoxique, pas de réaction allergique, cela transporte 40 fois plus d'oxygène tout en étant 250 fois plus petit. Les microdoses suffisent. La durée de vie dans l'organisme n'est que de 2,5 jours et elle disparaît de l'organisme en 5 jours. On va toujours au plus facile et au plus sûr. C'est sûr à 100% aussi bien au niveau des effets que de l'assurance de ne pas être pris ! En 2021, le passeport sanguin est bien devenu la ligne Maginot de l'antidopage. Déjà mise à mal à cause de la pandémie du SARS-CoV-2, la lutte antidopage est encore une fois dépassée, ridicule. Rien ne bouge au niveau des instances. Pourtant, il suffit de regarder, de constater ».Antoine Vayer