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Le duel Pogacar-Roglic au Tour du Pays Basque - Adam Yates en Catalogne. Par Frédéric Portoleau
18-04-2021, 08:15 - Frédéric Portoleau
La domination des coureurs slovènes sur les courses par étapes World Tour se poursuit. Primoz Roglic remporte, avec la manière, le Tour du Pays Basque en dominant le contre-la-montre puis en attaquant loin de l'arrivée lors de la dernière étape.
L'épreuve Basque se caractérise par l'ascension de nombreux petits cols à fort pourcentage en dessous de 1000m d'altitude. C'est une opportunité d'évaluer le niveau 2021 sur les cols d'une durée de 10 à 15 minutes.
La troisième étape voit le premier duel 2021 en montée entre Tadej Pogacar et Roglic. Les 2 Slovènes assurent le spectacle avec une succession d'attaques dans les pentes sévères d'Ermualde, un « mur » de 3,15 km à 10,9% de moyenne avec des passages à plus de 20%. Sur la portion sélectionnée (sans la courte descente finale), Pogacar et Roglic réalisent le meilleur temps en 10min20s à 18,4 km/h. Cela représente une puissance étalon de 484 watts (7 w/kg si 65 kg). David Gaudu, Alejandro Valverde, Mikel Landa et Adam Yates montrent aussi leur bonne forme actuelle en ne concédant que 5s au duo slovène. Ces 4 coureurs se situent à une puissance étalon de 480 watts.
Roglic et Pogacar se sont en fait neutralisés. Après quatre tentatives pour distancer Roglic (leader depuis le contre-la-montre du premier jour), Pogacar, n'arrivant pas à partir seul, a baissé un peu l'intensité de son effort. Cela a permis le retour des quatre coureurs cités précédemment. Si on se base sur ses meilleures performances réalisées depuis 2018, Roglic est capable d'atteindre les 500 watts étalon pour 10 minutes d'effort. En cas de montée sans ralentissement et plus régulière, il aurait donc pu réaliser un temps proche de 10 minutes au lieu de 10m20s.
Le lendemain, les coureurs doivent franchir deux ascensions assez difficiles en fin de parcours et proches de la frontière française : le Jaizkibel puis le Puerto de Erlaitz. Dans cette dernière difficulté du jour, à 22 km de l'arrivée, McNulty et Landa attaquent mais sont ensuite rejoints par les principaux favoris (une dizaine de coureurs) à proximité du sommet. McNulty passe en tête après avoir escaladé les 3,8 km de l'ascension à 10,76% en 12min40s. Sa puissance étalon estimée est de 467 watts soit 6,7 w/kg si 69 kg. Le jeune Américain de 23 ans, coéquipier de Pogacar, profite d'une portion assez plate et de la descente pour se glisser dans un groupe à l'avant de la course. L'équipe Jumbo de Roglic place son coureur Jonas Vingegaard dans ce groupe puis choisit de ne pas mener la poursuite. Le groupe des favoris concède 49s sur la ligne d'arrivée et McNulty s'empare du maillot de leader avec 23s d'avance sur Roglic.
L'étape reine avec 7 ascensions en 112 km conclut l'épreuve basque. Cette étape courte démarre sur les chapeaux de roue, les premiers petits cols sont gravis rapidement. Après le franchissement de la quatrième ascension répertoriée, McNulty et Pogacar se font piéger. Dans la descente un groupe se détache avec en particulier Roglic, Valverde, Landa, Adam Yates et Gaudu. Le groupe Roglic possède 34s d'avance au pied de la montée de Krabelin, la plus difficile de la journée, avec ses 4km à 10,8%. Dans cette ascension, Roglic accélère et seuls Gaudu et Carthy peuvent le suivre. Derrière McNulty est en difficulté et Pogacar tente de revenir sur Roglic. Au sommet, Roglic, Gaudu et Carthy ont 27s d'avance sur Pogacar et 1m07s sur McNulty. Pogacar réalise le meilleur temps de la montée en 13m31s à 17,84 km/h, ce qui représente une puissance étalon de 463 watts (6,65 w/kg si 65 kg). Roglic et Gaudu escaladent ce col en 13m38s (459 watts étalon). En 2016, Contador avait grimpé cette montée vers Krabelin en 13min (473 watts étalon). C'était au début d'un contre-la-montre qu'il avait remporté.
Il reste 45 km à parcourir, le match Roglic/Pogacar se poursuit, les 2 compatriotes assurent chacun dans leur groupe respectif l'essentiel des relais. Au pied de la dernière montée vers Arrate, l'écart est encore d'environ 40s entre les deux groupes. A l'avant Gaudu accélère l'allure dans les premières pentes d'Arrate. Carthy ne peut pas suivre. Derrière, Pogacar ne reprend rien aux deux hommes de tête et passe au sommet avec 44s de retard. Il est accompagné de Valverde, de Vingegaard et d'Adam Yates. Gaudu et Roglic sont les plus rapides sur le dernier col (4,45 km à 8,97%) en 12min45s. Gaudu, qui a mené toute la montée, se situe à une puissance étalon de 475 watts (6,9 w/kg si 59 kg). McNulty perd 7min57s minutes sur la ligne d'arrivée, franchie en tête par Gaudu qui remporte la plus belle victoire de sa carrière.
Le duel Roglic/Pogacar a été très serré et la différence de 1m07s au classement général final provient du contre-la-montre et du coup tactique dans une partie descendante de la dernière étape. Sur l'ensemble des ascensions du Tour du Pays Basque, les 2 Slovènes ont fait pratiquement jeu égal. Pogacar réalise depuis l'année dernière des performances exceptionnelles mais sur des cols plus longs, par exemple Peyresourde au Tour de France 2020 et Prati di Tivo à Tirreno Adriatico en 2021. Les Slovènes sont en grande forme mais n'ont pas amélioré leur record de puissance sur les cols de 10 à 15 minutes. Ils se sont neutralisés sur l'ascension d'Ermualde et ils ont dépensé beaucoup d'énergie avant le dernier col sur l'étape d'Arrate.
David Gaudu a montré sur ce Tour du Pays Basque qu'il pouvait rivaliser plusieurs jours de suite avec les meilleurs grimpeurs du monde sur des cols courts de moins de 15 minutes. Jusqu'à présent, j'ai estimé sa meilleure performance sur un col court à Superga lors du final en bosse de Milan-Turin : 14min à 472 watts étalon. Il n'a pas fait mieux sur ce Tour du Pays Basque comme l'indique le graphique ci-dessous. Il montre des progrès sur l'enchaînement de grandes performances sur une même semaine. Avec son nouveau statut de leader protégé sur les grands Tours (moins de dépense d'énergie en début d'étape), je pense qu'il devrait améliorer ses records de puissance cette année sur les cols plus longs.
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Frédéric Portoleau
La troisième étape voit le premier duel 2021 en montée entre Tadej Pogacar et Roglic. Les 2 Slovènes assurent le spectacle avec une succession d'attaques dans les pentes sévères d'Ermualde, un « mur » de 3,15 km à 10,9% de moyenne avec des passages à plus de 20%. Sur la portion sélectionnée (sans la courte descente finale), Pogacar et Roglic réalisent le meilleur temps en 10min20s à 18,4 km/h. Cela représente une puissance étalon de 484 watts (7 w/kg si 65 kg). David Gaudu, Alejandro Valverde, Mikel Landa et Adam Yates montrent aussi leur bonne forme actuelle en ne concédant que 5s au duo slovène. Ces 4 coureurs se situent à une puissance étalon de 480 watts.
Roglic et Pogacar se sont en fait neutralisés. Après quatre tentatives pour distancer Roglic (leader depuis le contre-la-montre du premier jour), Pogacar, n'arrivant pas à partir seul, a baissé un peu l'intensité de son effort. Cela a permis le retour des quatre coureurs cités précédemment. Si on se base sur ses meilleures performances réalisées depuis 2018, Roglic est capable d'atteindre les 500 watts étalon pour 10 minutes d'effort. En cas de montée sans ralentissement et plus régulière, il aurait donc pu réaliser un temps proche de 10 minutes au lieu de 10m20s.
Le lendemain, les coureurs doivent franchir deux ascensions assez difficiles en fin de parcours et proches de la frontière française : le Jaizkibel puis le Puerto de Erlaitz. Dans cette dernière difficulté du jour, à 22 km de l'arrivée, McNulty et Landa attaquent mais sont ensuite rejoints par les principaux favoris (une dizaine de coureurs) à proximité du sommet. McNulty passe en tête après avoir escaladé les 3,8 km de l'ascension à 10,76% en 12min40s. Sa puissance étalon estimée est de 467 watts soit 6,7 w/kg si 69 kg. Le jeune Américain de 23 ans, coéquipier de Pogacar, profite d'une portion assez plate et de la descente pour se glisser dans un groupe à l'avant de la course. L'équipe Jumbo de Roglic place son coureur Jonas Vingegaard dans ce groupe puis choisit de ne pas mener la poursuite. Le groupe des favoris concède 49s sur la ligne d'arrivée et McNulty s'empare du maillot de leader avec 23s d'avance sur Roglic.
L'étape reine avec 7 ascensions en 112 km conclut l'épreuve basque. Cette étape courte démarre sur les chapeaux de roue, les premiers petits cols sont gravis rapidement. Après le franchissement de la quatrième ascension répertoriée, McNulty et Pogacar se font piéger. Dans la descente un groupe se détache avec en particulier Roglic, Valverde, Landa, Adam Yates et Gaudu. Le groupe Roglic possède 34s d'avance au pied de la montée de Krabelin, la plus difficile de la journée, avec ses 4km à 10,8%. Dans cette ascension, Roglic accélère et seuls Gaudu et Carthy peuvent le suivre. Derrière McNulty est en difficulté et Pogacar tente de revenir sur Roglic. Au sommet, Roglic, Gaudu et Carthy ont 27s d'avance sur Pogacar et 1m07s sur McNulty. Pogacar réalise le meilleur temps de la montée en 13m31s à 17,84 km/h, ce qui représente une puissance étalon de 463 watts (6,65 w/kg si 65 kg). Roglic et Gaudu escaladent ce col en 13m38s (459 watts étalon). En 2016, Contador avait grimpé cette montée vers Krabelin en 13min (473 watts étalon). C'était au début d'un contre-la-montre qu'il avait remporté.
Il reste 45 km à parcourir, le match Roglic/Pogacar se poursuit, les 2 compatriotes assurent chacun dans leur groupe respectif l'essentiel des relais. Au pied de la dernière montée vers Arrate, l'écart est encore d'environ 40s entre les deux groupes. A l'avant Gaudu accélère l'allure dans les premières pentes d'Arrate. Carthy ne peut pas suivre. Derrière, Pogacar ne reprend rien aux deux hommes de tête et passe au sommet avec 44s de retard. Il est accompagné de Valverde, de Vingegaard et d'Adam Yates. Gaudu et Roglic sont les plus rapides sur le dernier col (4,45 km à 8,97%) en 12min45s. Gaudu, qui a mené toute la montée, se situe à une puissance étalon de 475 watts (6,9 w/kg si 59 kg). McNulty perd 7min57s minutes sur la ligne d'arrivée, franchie en tête par Gaudu qui remporte la plus belle victoire de sa carrière.
Le duel Roglic/Pogacar a été très serré et la différence de 1m07s au classement général final provient du contre-la-montre et du coup tactique dans une partie descendante de la dernière étape. Sur l'ensemble des ascensions du Tour du Pays Basque, les 2 Slovènes ont fait pratiquement jeu égal. Pogacar réalise depuis l'année dernière des performances exceptionnelles mais sur des cols plus longs, par exemple Peyresourde au Tour de France 2020 et Prati di Tivo à Tirreno Adriatico en 2021. Les Slovènes sont en grande forme mais n'ont pas amélioré leur record de puissance sur les cols de 10 à 15 minutes. Ils se sont neutralisés sur l'ascension d'Ermualde et ils ont dépensé beaucoup d'énergie avant le dernier col sur l'étape d'Arrate.
David Gaudu a montré sur ce Tour du Pays Basque qu'il pouvait rivaliser plusieurs jours de suite avec les meilleurs grimpeurs du monde sur des cols courts de moins de 15 minutes. Jusqu'à présent, j'ai estimé sa meilleure performance sur un col court à Superga lors du final en bosse de Milan-Turin : 14min à 472 watts étalon. Il n'a pas fait mieux sur ce Tour du Pays Basque comme l'indique le graphique ci-dessous. Il montre des progrès sur l'enchaînement de grandes performances sur une même semaine. Avec son nouveau statut de leader protégé sur les grands Tours (moins de dépense d'énergie en début d'étape), je pense qu'il devrait améliorer ses records de puissance cette année sur les cols plus longs.
Le Tour de Catalogne 2021
Il y a deux semaines, Adam Yates fut le meilleur grimpeur au Tour de Catalogne. Il a gravi la montée de Vallter2000 (11,25 km à 7,57%) en 30m40s, cela représente une puissance de 420 watts étalon (6,15 w/kg si 58 kg). Il s'agit d'une très bonne performance pour un col se terminant à 2151m. Le même jour Chris Froome a montré ses limites actuelles. L'ancien vainqueur du Tour de France, a perdu 5m43s sur Adam Yates. Froome a développé l'équivalent de 348 watts étalon (5 w/kg si 70 kg). Pour gagner le Tour de France en 2021, il devra nettement s'améliorer d'ici juillet, c'est à dire augmenter sa puissance étalon pour les cols de 30 minutes de 20 à 25%. Il est probable aussi qu'il ne soit pas actuellement à son poids de forme de 67 kg.Frédéric Portoleau