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Giro 2017, le bilan par Frédéric Portoleau
06-06-2017, 09:52 - Frédéric Portoleau
Le Tour d'Italie vient de s'achever à Milan avec la victoire de Tom Dumoulin. Après une impressionnante victoire au sommet d'Oropa, le Néerlandais a connu des moments difficiles lors de la dernière semaine de montagne. Il a même temporairement perdu le maillot rose de leader à Piancavallo au profit de Nairo Quintana. Mais le dernier contre-la-montre plat lui a permis de reprendre sa tunique de leader.
Ce Tour d'Italie a été marqué par le niveau assez proche en montagne entre les 6 premiers du classement général : Dumoulin, Quintana, Nibali, Pinot, Zakarin et Pozzovivo. Chaque coureur a eu ses moments forts et faibles au cours des 3 semaines de course. Seul Dumoulin a semblé au dessus du lot lors de la montée d'Oropa, sans pour autant creuser de gros écarts.
Le graphique ci-dessous montre les puissances moyennes étalon de ces 6 coureurs sur les 7 ascensions en fin d'étape de ce Tour d'Italie 2017.
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Comme sur chaque grand tour de 3 semaines, il y a de fortes variabilités sur les niveaux de puissance estimés sur les derniers cols des étapes de montagne. Nous avons eu une course d'observation au Mont Etna et lors de la montée de Pontives où Dumoulin, Quintana et Nibali se sont neutralisés. Au Mont Etna, mis à part Zakarin, personne n'a pris d'initiative pour tenter de prendre du temps. Sur l'étape des Dolomites avec la montée de Pontives juste avant Ortisei, le rythme a été rapide en cours d'étape avec une attaque de Quintana au Passo Gardena. Les coureurs ont probablement abordé la montée de Pontives avec des ressources physiques amoindries. Sur la montée du Passo Umbrail, la bagarre a bien eu lieu entre les favoris mais l'altitude (2500m) ainsi que la longueur de l'étape (6h30 avec le franchissement du Mortirolo et du Stelvio) expliquent le niveau de puissance relativement bas, inférieur à 400 watts étalon.
En revanche, sur les 4 autres cols proposés aux coureurs (Blockhaus, Oropa, Piancavallo et Foza), les puissances produites ont été élevées. Les coureurs ont « fait la course » et se sont rapprochés de leur record de profil de puissance pour une durée d'ascension donnée. Le maximum a été atteint à Oropa (448 watts étalon) car il s'agissait de la montée la plus courte et qu'aucun col n'était gravi en cours d'étape. Pour les montées de Blockhaus, Piancavallo et Foza, le niveau de puissance fut proche des 420 watts.
Le tableau ci-dessous résume par coureur les performances réalisées sur chaque col : l'équivalent en puissance étalon, le rapport w/kg et le temps d'ascension.
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La masse des coureurs n'est pas forcément exacte et peut varier un peu en fonction des jours de course, de la longueur des étapes, de l'alimentation et de l'hydratation des coureurs pendant l'étape. Si l'erreur est de +/- 1kg sur la masse du coureur, l'erreur d'estimation du rapport w/kg sera de 2% à 4% suivant les conditions de course.
Les tronçons de mesure pour les estimations de puissance :
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Dumoulin a forgé sa victoire essentiellement sur les deux contre-la-montre où il devance, au cumulé des deux étapes, son dauphin Quintana de 4min17s. Il a également réalisé deux grosses performances en début de Giro au Blockhaus puis à Oropa avant de fléchir légèrement en troisième semaine. Avant 2017, le Tour d'Espagne 2015 constituait la référence pour Dumoulin. Il développa cette année là en moyenne 412 watts étalon sur les derniers cols, soit légèrement plus qu'au Giro 2017 mais sur des durées d'ascension plus courtes (28min au lieu de 35min). Il semble en progrès surtout sur les longs cols. Dumoulin fut souvent isolé lors des ascensions clés pour défendre sa position de leader. Sans grimpeur de très haut niveau dans son équipe, il a dépensé plus d'énergie en cours d'étape que ses concurrents.
Quintana a la meilleure moyenne en watts étalon mais n'a pas semblé à son meilleur niveau en performances maximales sur un col. Il nous avait habitué à des performances assez exceptionnelles en troisième semaine. Ce ne fut pas le cas. Il n'a pas pu reproduire ce qu'il fit par exemple à l'Alpe d'Huez en 2013 et 2015 (430 watts étalon). Nibali réalise un bon Giro, mais comme Quintana il semble moins fort maintenant que sur le Tour de France 2014 (voir graphique ci-dessous). Zakarin et Pozzovivo réalisent leur meilleur grand Tour.
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Quand à Pinot, sa puissance moyenne étalon est presque la même qu'au Tour de France 2014 (406 watts). Cependant, comme le graphique ci-dessous le montre, il apparaît plus fort cette année en performance maximale avec en particulier deux ascensions de 40 minutes à 420 watts (Blockhaus) et 426 watts (Piancavallo). Sur cette dernière ascension, le Français reste loin de Marco Pantani qui l'avait grimpé en 1998 en 36min20s (472 watts étalon et 7 w/kg) soit 2min30s de moins.
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Il ne faut pas oublier l'omniprésence à l'avant de la course lors des étapes de montagne de Mikel Landa. Après avoir perdu toute chance pour le classement général en raison d'une chute causée par une moto mal placée au pied du Blockhaus, il se concentra sur les victoires d'étape et le classement de la montagne. Il parvint à ses fins au sommet de Piancavallo après deux deuxièmes places à Bormio et Ortisei, battu au sprint respectivement par Nibali et Van Garderen. Il réalise une impressionnante montée de Piancavallo où il développe l'équivalent de 427 watts étalon (6,25 w/kg si 60 kg) pendant 39min25s. C'est une performance assez exceptionnelle pour un coureur présent en échappée et déjà à l'avant de la course la veille. Pierre Roland, vainqueur d'étape à Canazei avec la manière, n'a pas pu le suivre malgré de bonnes jambes puisqu'il développa l'équivalent de 432 watts étalon (6,2 w/kg si 67 kg) pendant les 20 premières minutes de l'ascension.
Frédéric Portoleau
F.P. en haut du Stelvio en 1989, sur le même cadre acier Reynolds 531 qu'en début d'ascension, sans moteur !
Ce Tour d'Italie a été marqué par le niveau assez proche en montagne entre les 6 premiers du classement général : Dumoulin, Quintana, Nibali, Pinot, Zakarin et Pozzovivo. Chaque coureur a eu ses moments forts et faibles au cours des 3 semaines de course. Seul Dumoulin a semblé au dessus du lot lors de la montée d'Oropa, sans pour autant creuser de gros écarts.
Le graphique ci-dessous montre les puissances moyennes étalon de ces 6 coureurs sur les 7 ascensions en fin d'étape de ce Tour d'Italie 2017.
Comme sur chaque grand tour de 3 semaines, il y a de fortes variabilités sur les niveaux de puissance estimés sur les derniers cols des étapes de montagne. Nous avons eu une course d'observation au Mont Etna et lors de la montée de Pontives où Dumoulin, Quintana et Nibali se sont neutralisés. Au Mont Etna, mis à part Zakarin, personne n'a pris d'initiative pour tenter de prendre du temps. Sur l'étape des Dolomites avec la montée de Pontives juste avant Ortisei, le rythme a été rapide en cours d'étape avec une attaque de Quintana au Passo Gardena. Les coureurs ont probablement abordé la montée de Pontives avec des ressources physiques amoindries. Sur la montée du Passo Umbrail, la bagarre a bien eu lieu entre les favoris mais l'altitude (2500m) ainsi que la longueur de l'étape (6h30 avec le franchissement du Mortirolo et du Stelvio) expliquent le niveau de puissance relativement bas, inférieur à 400 watts étalon.
En revanche, sur les 4 autres cols proposés aux coureurs (Blockhaus, Oropa, Piancavallo et Foza), les puissances produites ont été élevées. Les coureurs ont « fait la course » et se sont rapprochés de leur record de profil de puissance pour une durée d'ascension donnée. Le maximum a été atteint à Oropa (448 watts étalon) car il s'agissait de la montée la plus courte et qu'aucun col n'était gravi en cours d'étape. Pour les montées de Blockhaus, Piancavallo et Foza, le niveau de puissance fut proche des 420 watts.
Le tableau ci-dessous résume par coureur les performances réalisées sur chaque col : l'équivalent en puissance étalon, le rapport w/kg et le temps d'ascension.
La masse des coureurs n'est pas forcément exacte et peut varier un peu en fonction des jours de course, de la longueur des étapes, de l'alimentation et de l'hydratation des coureurs pendant l'étape. Si l'erreur est de +/- 1kg sur la masse du coureur, l'erreur d'estimation du rapport w/kg sera de 2% à 4% suivant les conditions de course.
Les tronçons de mesure pour les estimations de puissance :
Dumoulin a forgé sa victoire essentiellement sur les deux contre-la-montre où il devance, au cumulé des deux étapes, son dauphin Quintana de 4min17s. Il a également réalisé deux grosses performances en début de Giro au Blockhaus puis à Oropa avant de fléchir légèrement en troisième semaine. Avant 2017, le Tour d'Espagne 2015 constituait la référence pour Dumoulin. Il développa cette année là en moyenne 412 watts étalon sur les derniers cols, soit légèrement plus qu'au Giro 2017 mais sur des durées d'ascension plus courtes (28min au lieu de 35min). Il semble en progrès surtout sur les longs cols. Dumoulin fut souvent isolé lors des ascensions clés pour défendre sa position de leader. Sans grimpeur de très haut niveau dans son équipe, il a dépensé plus d'énergie en cours d'étape que ses concurrents.
Quintana a la meilleure moyenne en watts étalon mais n'a pas semblé à son meilleur niveau en performances maximales sur un col. Il nous avait habitué à des performances assez exceptionnelles en troisième semaine. Ce ne fut pas le cas. Il n'a pas pu reproduire ce qu'il fit par exemple à l'Alpe d'Huez en 2013 et 2015 (430 watts étalon). Nibali réalise un bon Giro, mais comme Quintana il semble moins fort maintenant que sur le Tour de France 2014 (voir graphique ci-dessous). Zakarin et Pozzovivo réalisent leur meilleur grand Tour.
Quand à Pinot, sa puissance moyenne étalon est presque la même qu'au Tour de France 2014 (406 watts). Cependant, comme le graphique ci-dessous le montre, il apparaît plus fort cette année en performance maximale avec en particulier deux ascensions de 40 minutes à 420 watts (Blockhaus) et 426 watts (Piancavallo). Sur cette dernière ascension, le Français reste loin de Marco Pantani qui l'avait grimpé en 1998 en 36min20s (472 watts étalon et 7 w/kg) soit 2min30s de moins.
Il ne faut pas oublier l'omniprésence à l'avant de la course lors des étapes de montagne de Mikel Landa. Après avoir perdu toute chance pour le classement général en raison d'une chute causée par une moto mal placée au pied du Blockhaus, il se concentra sur les victoires d'étape et le classement de la montagne. Il parvint à ses fins au sommet de Piancavallo après deux deuxièmes places à Bormio et Ortisei, battu au sprint respectivement par Nibali et Van Garderen. Il réalise une impressionnante montée de Piancavallo où il développe l'équivalent de 427 watts étalon (6,25 w/kg si 60 kg) pendant 39min25s. C'est une performance assez exceptionnelle pour un coureur présent en échappée et déjà à l'avant de la course la veille. Pierre Roland, vainqueur d'étape à Canazei avec la manière, n'a pas pu le suivre malgré de bonnes jambes puisqu'il développa l'équivalent de 432 watts étalon (6,2 w/kg si 67 kg) pendant les 20 premières minutes de l'ascension.
Frédéric Portoleau